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On fait pas d'œufs sans presser des poules

On fait pas d'œufs sans presser des poules
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On fait pas d'œufs sans presser des poules
22 mars 2009

#4

Générique de Début
Jimmy: Plans dans une voiture; routes, Julie et Jimmy, volant, conducteur...
Julie s’est endormie sur la tête sur l’épaule de Jimmy. Devant la femme qui les conduit n’arrête pas de poser des questions sur les vacances qu’ils ont passées…

Scène 1
La voiture s’arrête, Jimmy descend puis aide Julie à sortir.

Jimmy - Attendez là, je reviens.

Plan de profil devant des escaliers.

Julie - Bon... Ben... Au revoir, alors...
Jimmy -  Oui... Sa... Salut!

Julie baisse la tête, la relève, hésite, puis sort du cadre. Plan de dos(Jimmy), Julie avance, puis se retourne et se jette dans ses bras pour l’embrasser. Plan de profil, ils s’écartent, se regardent, essoufflés, puis se serrent dans leurs bras. Julie sourit, s’en va. Jimmy retourne dans la voiture qui repart.

Scène 2
Alice, Maël et Manon jouent aux cartes (une sorte de Poker). Gros plans successifs sur leurs yeux. L’ambiance est rompue par la sonnerie. Maël et Alice se regardent et se mettent à courir vers la porte, alors que Manon se lève tranquillement et part les mains dans les poches.
Plan de dos (Jimmy), la porte s’ouvre, Alice et Maël se pousse dans l’encadrement, Manon sourit au dessus d’eux. Câlin collectif quand Jimmy entre. Plan de profil.

Manon - Alors, c’était bien cette colo?
Jimmy - Ouais ouais ouais ouais... Dites, vous vous souvenez de la nouvelle qu’est arrivée en avril, Julie?
Alice -  Heeeu... Une petite blonde?
Maël - Une coincée qui parlait à personne?
Jimmy - C’est pas une coincée! Bref, hum, elle était animatrice avec moi!
Manon - Hohoho, tu nous avais pas dit ça au téléphone...
Jimmy - Oui, heu, en fait à ce moment je l’avais pas reconnue... (Éclat de rire général) Mais bon, on s’est un peu mieux connu, et, heu, je l’ai ramenée, c’est pour ça que je suis en retard, et... Je suis plus célibataire!
Alice & Maël - QUOI?
Manon - Choueeeeeette!

Elle le prend dans ses bras, les deux autres boudent un peu, mais essaient de faire bonne figure et participent aussi.

Jimmy - Bon, c’est pas tout ça, mais j’suis fatigué moi... Et puis tu m’étouffes, Manon.
Manon - Eeeeh!

Elle lui donne une tape sur l’épaule en riant et ils partent vers la cuisine. Plan de profil. Jimmy se sert un verre d’eau

Scène 3
Son sur fond noir: on entend la voix de Manon.

Manon - À présent, Jim, prépare-toi à vivre une longue, une angoissante, une terrible aventure... Seras-tu à la hauteur? Pourras-tu surmonter les incomparables souffrances qui t’attendent? Sois prudent, et surtout, fais bien ton choix...

Plan sur les quatre amis, assis par terre, adossés au mur d’un angle de rue.

Manon - Action ou Vérité?
Jimmy - Action!
Manon - YES! Tu vas souffrir, mon p’tit...
Jimmy - Ouuuuh, je tremble de peur!
Manon - Tu peux! Prépare-toi à une humiliation publique incroyable!

Manon passe la tête de l’autre côté de l’angle de rue et fait signe à Jim de la rejoindre. Gros plan de leurs visages derrière le mur.

Manon - Chiche de brancher la fille avec un bonnet qu’est assise sur le banc là-bas?
Jimmy - Et... En quoi exactement je suis censé avoir peur?

Manon sourit à Jim énigmatiquement et repasse de l’autre côté du mur. Plan sur les quatre à nouveau.

Manon - Tu connais son surnom à cette fille?
Jimmy - Heeeu... Non.
Manon - On l’appelle “la Veuve Noire”...
Jimmy - J’trouve pas qu’elle ait une gueule d’araignée, moi...
Manon -(lève les yeux au ciel, Alice pouffe de rire) Laisse-moi finir! On l’appelle comme ça parce que ses trois chéris depuis qu’elle est ici se sont suicidés après qu’elle ait rompu.
Jimmy - Mouais... C’est des conneries tout ça. Au pire, vous m’rattraperez!

Il se lève pour aller voir Natacha mais Alice l’attrape par la manche.

Alice - Attends! Et si... Et si c’était vrai?
Jimmy - Pfff, tu crois pas tout ce qu’on raconte, nan?
Alice - Ben non, mais on sait jamais...
Jimmy - T’inquiètes. Je survivrai.
Maël - Eh, attends! Et Julie, alors?
Jimmy - Roh, ça va hein! Avec Julie c’est pas pareil, c’est sérieux, là c’est juste... Et puis qu’est-ce qui vous prend, d’un coup? On dirait qu’vous êtes jaloux...

Ils ne répondent rien.

Jimmy - Bah, t’façon c’est juste un pari, et puis ce n’est pas mon genre. Trop... Seule.

Il sort du cadre. Alice et Maël le suivent des yeux puis foudroient Manon du regard.

Manon - Ben quoi? Ah... Ouais. T’façon, il a aucune chance, c’est un vrai congélo cette fille.

Maël lève les yeux au ciel et Alice boude. Plan sur Natacha qui lit à côté du Breda. Jim arrive et lui tend la main.

Jimmy - Hey!

Natacha le regarde, puis sa main, et retourne à son livre. Jim reste quelques secondes immobile, puis s’assoit à côté d’elle.

Jimmy - C’est quoi ton nom?

Exaspérée, la jeune fille ferme son livre et se tourne vers lui. Plan de profil. Jim, surpris, recule les épaules alors qu’elle se penche vers lui, et se raccroche dangereusement au bord du muret.

Natacha - Dès à présent, le gardien des Ténèbres te poursuit, le diable n’aura de repos que lorsque tu seras sous terre, car moi, enfant de Satan, je te maudis!

Plan sur les yeux d’Natacha. Pendant quelques instants, elle le regarde fixement, sans ciller. Puis, stoïque, elle déclare:

Natacha - Tu devrais voir ta tête, c’est assez comique.

Elle se lève et lui tend la main à son tour.

Natacha -  Natacha Avelon! Et toi?
Jimmy - Heu... Jimmy Meaunier...
Natacha - (Avec un grand sourire.) Ravie de te connaître! Que me vaut ta visite?
Jimmy - Ben, heu... En fait... (il regarde en arrière)
Natacha - Ah, je vois. Tu as fait un pari avec tes trois amis qui nous regardent derrière le mur là-bas, qui consiste à me séduire et à ne pas en finir après. Eh! C’est pas d’ma faute si j’craque pour les suicidaires!

Elle fait un signe de la main aux trois amis. Plan de derrière eux; la tête de Alice est appuyée sur celle de Maël qui est appuyée sur celle de Manon. Ils retournent vivement se cacher quand Natacha les salue. Manon éclate de rire tandis que les deux autres boudent.
Plan sur Natacha et Jim à nouveau.

Natacha - Alors, vas-tu réussir à me faire briser la promesse que je me suis faite et que je tiens depuis environ deux ans?
Jimmy - (Secoue la tête) Qu... Quelle promesse?
Natacha - (la musique commence) Celle de ne plus jamais tomber amoureuse.
Jimmy - (Choqué) Une vie sans amour? C’est monstrueux!
Natacha - L’amour, l’amour, toujours l’amour... Vous avez vraiment que ça dans la tête!

Elle s’assoit, plan de face, puis commence à chanter.

Natacha - L’amour toujours,
L’amour,
Il s’rait tant qu’ça s’arrête!
Et puis d’abord,
L’amour,
Ça n’a ni queue ni tête.
Bon d’accord,
Une queue peut-être,
Mais en tout cas,
Ha!
Pas de tête:
L’amour c’est terriblement bête...
C’est bête et puis c’est méchant!”

Jimmy lui met la main devant la bouche. Elle se débat.

Jimmy - Non!

Il se tourne vers la caméra.

Jimmy - L’amour... C’est merveilleux, l’amour! Ça nous transporte vers un monde... parfait, une utopie paradisiaque!
Natacha - Tu es ridicule.
Jimmy - L’amour est ridicule!
Natacha - Je croyais que tu étais le “grand défenseur du sentiment amoureux”?
Jimmy - Bien sûr! Le ridicule est la meilleure chose qui puisse nous arriver! Après l’amour.

Ils sont face à face, presque collés. Ils restent ainsi quelques secondes, se regardent (plan de profil), puis Jim s’écarte.

Jimmy - Alooooors... Ici, samedi, dix huit heures trente?
Natacha - Sois pas en retard!

Elle lui fait un clin d’œil, puis s’en va. Il se tourne vers ses amis et ne la voit pas qui revient. Elle lui plante un bisou sur la joue et manque de le faire tomber, puis repart en courant. Plan sur les trois autres. Manon regarde toujours, Maël retient Alice qui essaie de courir étriper Natacha. Elle se calme lentement, puis se dégage de l’étreinte de Maël et croise les bras, assise en tailleur. Zoom sur les lèvres de Alice. Transition sur la bouche d’Natacha qui marche dans la rue. Dé zoom. Elle marche vers la caméra. Elle arrive devant le Breda, regarde à gauche, replace ses cheveux derrière son oreille, regarde à droite puis s’assoit, regarde ses pieds et commence à les balancer d’avant en arrière. Noir.

Scène 4
Les portes d’une armoire s’ouvrent (on voit de l’intérieur), Jim fouille. Plan sur Maël affalé dans le canapé derrière et Alice, accoudée à côté, buvant dans un verre à pied.

Alice -(buvant) Qu’est-ce que tu fais?
Jimmy -(distraitement) J’sors...
Maël - Avec qui?
Jimmy - La fille du pari d’tout à l’heure.

Ses deux amis réagissent violemment: Maël perd l’équilibre et tombe du canapé derrière une table basse; Alice recrache tout ce qu’elle avait dans la bouche.

Alice & Maël - QUOI?
Jimmy -(se moque d’eux) Quoi, z’êtes jaloux?

Maël et Alice se regardent, plan sur Jim qui vient de trouver et qui sort une veste avec un sourire content et se retourne. Plan de face, Alice fronce les sourcils devant lui, les mains sur les hanches. Maël passe sa main dans son cou et commence à chanter quasiment dans son oreille; Jim sursaute et regarde Maël.

Maël - Here she comes,
You'd better watch your step,
She's going to break your heart in two,
It's true.

Alice reprend, Maël assoit Jim de force sur le canapé et s’assoit à côté de lui. Plan sur Alice qui s’est tournée vers eux.

Alice - It’s not hard to realize,
Just look into her false colored eyes,
She’ll build you up to just put you down,
What a clown.

Alice s’assoit sur les genoux de Jim et Maël se rapproche.

Alice - Cause everybody knows
Maël - She’s a femme fatale
Alice - The things she does to please
Maël - She’s a femme fatale
Alice - She’s just a little tease
Maël - She’s a femme fatale
Alice - See the way she walks
Maël - Here the way she talks

Jimmy soulève Alice, la pose à côté et se lève. Il commence à enfiler sa veste.

Alice - You’re written in her book
You’re number 37, have a look
She’s going to smile, to make you frown,
What a clown.

Maël tire Jim sur le canapé.

Maël - Little boy, she’s from the street
Before you start you’re already beat.
She’s going to play you for a fool,
Yes it’s true.

Cause everybody knows
Alice - She’s a femme fatale
Maël - The things she does to please
Alice - She’s a femme fatale
Maël - She’s just a little tease
Alice - She’s a femme fatale
Maël - See the way she walks
Alice - Here the way she talks

Jimmy se lève à nouveau, Alice tente de le retenir mais il lui lance un regard noir et elle le lâche rapidement.

Alice & Maël - Cause everybody knows
She's a femme fatale
The things she does to please
She's a femme fatale
She's just a little tease
She's a femme fatale
Oh, oh, oh, oh, oh
She's a femme fatale
Oh, oh, oh, oh, oh
She's a femme fatale
Oh, oh, oh, oh, oh
She's a femme fatale
Oh ...

Jim est sorti de l’écran, la porte claque. Les deux se lèvent vont à la fenêtre et le regardent partir. Alice fond en larmes dans les bras de Maël.

Scène 5
Plan sur le Breda. Natacha est de dos, penchée sur la barrière du pont, elle regarde l’eau. Jimmy arrive, il est très en retard, il la voit, marche vers elle sans bruit et la prend par les hanches, faisant mine de la jeter à l’eau. Elle hurle. Plan de profil, elle se retourne et le repousse en riant quand elle le voit. Elle s’écarte. Ils commencent à marcher. Plan de dos. Il tente de lui prendre la main mais elle le tape derrière la tête et continue à marcher. Ils marchent un instant côte à côte mais au bout d’un moment elle lui prend le bras et pose sa tête sur ses épaules.

Scène 6
Plan dans une rue, les deux sont en train de marcher côte à côte. Jimmy tire Natacha par la main, ils s’arrêtent devant une voiture. Natacha s’assoit sur le capot, Jimmy baisse la tête pour l’embrasser, elle commence à fermer les yeux. Plan de dos de Jim’. Natacha s’arrête et pointe le doigt vers la caméra. Jimmy s’arrête et il tourne la tête. Plan de vue de Natacha. Un homme arrive avec sa clé de voiture dans la main, il n’a pas l’air très heureux.

L’homme – Qu’est ce que vous foutez là ? Vous ne pouvez pas aller ailleurs, déguerpillez !

Les deux n’attendent pas plus longtemps, Natacha saute du capot et ils se mettent à courir pour échapper à celui qui leur cri après. Ils tournent à un coin de rue et éclatent de rire.

Scène 7
Baby: Transitions entre plusieurs plans de Jimmy et Natacha se courant après dans la maison, et d’autres de Alice pleurant de rage dans son lit, en se goinfrant de chocolats (un plan par couplet)
Fin de la musique.

Jimmy - Viens, il faut que je passe un coup de fil, tu m’accompagnes?
Natacha - Bien sûr, y a une cabine téléphonique dans la rue.

Elle sourit et ils sortent.

Scène 8
Plan de dos: Julie se démaquille devant un miroir, le téléphone sonne.

Julie -(Toute joyeuse) Ouiii?
Jimmy - Hey... C’est moi.
Julie - Jimmy! Je suis heureuse de t’entendre!
Jimmy - …
Julie - Eh oh! T’es toujours là?
Jimmy (chante) - Sais-tu ma belle que les amours, les plus brillants ternissent. Le sale soleil du jour le jour les soumets au supplice. J'ai une idée inattaquable pour éviter l'insupportable, avant la haine, avant les coups, de sifflet ou de fouet, avant la peine et le dégoût, brisons la s'il te plait.
Julie - Non je t'embrasse et ça passe, tu vois bien. On s'débarrasse pas de moi comme ça. Tu croyais pouvoir t'en sortir en me quittant sur l'heure du grand amour qui doit mourir, mais vois-tu je préfère, les tempêtes de l'inéluctable, à ta petite idée minable. Avant la haine, avant les coups, de sifflet ou de fouet, avant la peine et le dégoût, brisons la dis-tu.
Jimmy - Mais tu m'embrasses et ça passe, je vois bien. On s'débarrasse pas de toi comme ça. Je pourrais t'éviter le pire...
Julie - Mais le meilleur est à venir!
Jimmy - Non. Le meilleur est passé depuis longtemps.

Jimmy raccroche au nez de Julie et sort de la cabine. Julie pose le combiné et s’accoude à la fenêtre. Elle voit Jimmy et Natacha partir bras dessus bras dessous. Elle ferme la fenêtre, un peu déboussolée.

Scène 9
Plan sur une table de terrasse de café, Natacha et Jimmy boivent, il fait beau.

Natacha - Et donc, j’lui ai dit ça, parce que tu comprends, ça pouvait plus durer, c’en était trop là j’en pouvais plus. Et puis après... Heu... Ah oui! Après, y a eu Maxime. Alors lui, pfiouuu! Le paradis. Le mec parfait, j’te raconte pas. Pas un seul défaut. Seulement, j’aime pas qu’on soit meilleur que moi. Alors j’l’ai largué aussi. Heu, et après, y a eu Jean. Tu sais, celui qui s’est enfermé dans son frigo! Alors lui, pffff, quel boulet! Ça a duré deux jours, même si...

Natacha parle toute seule, Jimmy boit ses paroles. Plan sur Julie, qui passe avec un sac de courses dans les bras. Elle les regarde, s’arrête brusquement, et percute un passant. Son sac tombe, tout se répand sur le sol. Elle s’accroupit pour ramasser ses affaires. Plan sur le sol.

Julie - Oh, je suis désolée monsieur, vraiment, j’ai vu... Une connaissance, et ça m’a surpris de le trouver ici. Je suis tellement maladroite...
Le passant - Non non, c’est moi, j’aurais du regarder devant moi. Ne vous excusez pas, tout est...

Il s’interrompt, leurs mains se frôlent pour ramasser une pomme qui a roulé sur le sol.

Le passant - De ma faute.

Julie sourit, il s’attarde sur sa main, puis elle prend la pomme, la remet dans son sac et le passant l’aide à se relever. Il tient toujours sa main, lui sourit bêtement.

Julie - Hum... Si ça ne vous dérange pas... J’aimerais récupérer ma main.
Le passant - Oh, oui, bien sûr, désolé. (il rit) Je vous paye quelque chose, pour me faire pardonner?
Julie - C’est moi, je vous dis. Mais je n’ai rien contre un truc rafraîchissant!
Le passant - Alors, je vous invite, mademoiselle...
Julie - Haubent. Julie Haubent.
Timothée - Timothée Doyen. (il lui sourit et lui tend une main qu’elle serre volontiers) Mais, heu, peut-être que ce serait mieux si vous déposiez tout ça chez vous, d’abord, non?
Julie - Ah, oui, bien sûr... On se retrouve ici?
Timothée - Hmm... Que diriez-vous de dîner avec moi ce soir?
Julie - (rougissante) Heu, ben, pourquoi pas...
Timothée - Parfait! Voilà mon numéro, vous n’aurez qu’à m’appeler en cas de problème.

Plan sur Jimmy, qui regarde autour de lui et reconnaît Julie. Plan de profil sur Julie et Timothée qui s’échangent leurs numéros, on entend les paroles de Natacha par dessus.

Natacha - Et donc... Jimmy? Jimmy, tu m’écoutes? Qu’est-ce que tu regardes? Jimmy? Jimmy!

Plan sur Jimmy qui suit Timothée des yeux avec un regard mauvais.

Natacha - Oh, tiens, ce serait pas ton ex là bas? (elle rit) Elle a toujours pas appris à s’habiller apparemment...

Plan sur la table. Jimmy serre le poing, la main d’Natacha vient se superposer à celle de Jimmy. Plan de profil: Jimmy sursaute et   Natacha sourit.

Jimmy - Hum, heu... Tu disais?

Plan sur Julie qui marche de dos dans la rue, on entend à nouveau les paroles d’Natacha par dessus.

Natacha - Oui, donc, j’en étais à François, qui a piraté le compte bancaire de son père pour m’impressionner, mais bon, c’était vraiment un vantard, toujours à parler de lui, je l’ai laissé tomber au bout de deux semaines. Et ensuite, il y a eu...


Scène 10
Contre-plongée de face, Manon fait la vaisselle. On entend le bruit d’une porte qui s’ouvre et se referme.

Jimmy - Eh, y a quelqu’un?

Plan de profil(Manon), Jimmy rentre, pose sa veste sur une chaise.

Jimmy - Eh, tu devineras jamais, tout à l’heure, j’ai croisé Julie, et elle échangeait son numéro avec un mec!
Manon - Ah.
Jimmy - Non mais, tu te rend pas compte! Ça fait même pas une semaine qu’on a cassé, et paf! Elle drague un inconnu!
Manon - Oh, tu peux parler! Tu es bien avec Natacha, toi!
Jimmy - Oui, mais moi c’est pas pareil, moi ça avait commencé avant!
Manon - (s’énerve sur son assiette) C’est encore pire, au cas où t’aurais pas encore compris.
Jimmy - Oh, mais ça va, arrête de me contredire, un peu, t’es censée être mon amie, non?
Manon - Je suis ton amie! C’est bien pour ça que j’en ai marre de toutes tes conneries!
Jimmy - Mes conneries?
Manon - Tes conneries, parfaitement! Tu te rends compte de tout le mal que tu as fait à Julie? C’était qu’un pari, merde, pourquoi il a fallu que tu prennes ça autant au sérieux?
Jimmy - Eh, c’est quand même toi qui l’as lancé, ce pari!
Manon - Tu insinues que c’est de ma faute?
Jimmy - Evidemment, que c’est de ta faute! Toute cette histoire, c’est entièrement de ta faute!
Manon - (arrête de laver, relâche ses bras) T’es pas croyable...
Jimmy - JE suis pas croyable? Mais, c’est pas de ma faute si tu m’as poussé vers elle!
Manon - Et c’est de ma faute si tu as fait le con en retournant la voir? Tu as quitté Julie sur un coup de tête, et maintenant tu refuses qu’elle sorte avec d’autres? Jimmy, grandis, bordel, c’est pas un objet...
Jimmy - Mais...
Manon - Ferme-la, Jimmy. Ça vaudra mieux pour tout le monde.

Manon avance vers lui, il a un mouvement de recul, elle lui met l’éponge et une assiette dans les mains et sort en s’essuyant les mains avec le torchon.

Jimmy - Manon!

Il pose l’assiette et l’éponge sur la table, et s’avance vers la porte mais reçoit le torchon dans la tête et, rageur, reprend la vaisselle entamée par Manon.

Scène 11
The Scientist: Plan dans une salle de bain, Julie passe vêtue d’une serviette de bain, elle se sèche les cheveux en chantant. Plan dans la chambre on voit juste son épaule et un peu de ses cheveux, elle cherche dans son armoire ce qu’elle va porter. Plan sur ses jambes, on voit la serviette tomber, puis une robe recouvre ses jambes. Plan de nouveau dans la salle de bain, elle se brosse les cheveux, puis se maquille. Plan sur la fenêtre. Julie vient s’y accouder, regarde dans la rue. Plan dans l’entrée, Julie prend son sac, son manteau et sort, puis la porte se ferme. Fin de la musique.

Scène 12
Plan sur la table, les quatre amis mangent. Au bout d’un petit moment, Jimmy s’essuie et se lève, laissant son assiette en plan.

Maël - Tu fais quoi?
Jimmy - Je sors.
Alice - Où?
Jimmy - Je vais au cinéma avec Natacha.

Manon repousse rageusement sa chaise et part, furieuse. Plan sur Maël qui la suit des yeux, puis sur la table à nouveau.

Alice - Jimmy... Tu sais, c’est peut-être pas une bonne idée, cette histoire avec la... Avec Natacha.
Maël - Elle a raison, je veux dire, dix minutes avant de la rencontrer tu te disais amoureux fou de Julie, et maintenant tu ne parles plus que d’Natacha, c’est un peu effrayant...
Jimmy - Oh, vous allez pas vous y mettre aussi hein! Vous êtes chiants à la fin!

Il sort. Plan sur Alice et Maël. La porte claque.

Scène 13
Plan dans une salle à manger. Julie est assise à table. Elle regarde autour d’elle, gênée. Timothée entre, un plat chaud recouvert d’une serviette dans les mains.

Timothée - Chaud devant!

Julie rit, Timothée dépose le plat sur la table. Il passe derrière Julie, qui se retourne pour voir ce qu’il fait. Il sort un bandeau qu’il lui met sur les yeux.

Julie - Eh! Qu’est-ce que tu fous?
Timothée - Haha! La surprise du chef...

Il soulève la serviette, coupe une part, la dépose dans l’assiette de Julie et pose ses mains sur celles de la jeune fille, les guidant pour couper un morceau puis la faire goûter.

Timothée - Alors?
Julie - Hmm... Heu... Citron?
Timothée - Bravo!
Julie - Mon préféré!
Timothée - Héhé, je suis trop fort.

Plan sur Julie qui sourit, puis, redevenant sérieuse, retire son bandeau, et se lève. Plan de profil. Timothée ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais elle le fait taire. Elle prend ses mains dans les siennes et s’approche de plus en plus, lentement. Plan sur leurs mains. Timothée mets les siennes sur les hanches de Julie tandis que celle-ci vient les remonter dans son dos.

Scène 14
Plan de la sortie du cinéma de Chambéry(?). Jimmy et Natacha en sortent, souriants, en discutant vivement. Zoom. Ils marchent, on voit Julie et Timothée passer devant eux, main dans la main. Jimmy s’arrête brusquement, Natacha continue. Jimmy suit Julie du regard. Natacha revient et le tire par la manche, mécontente.

Scène 15
Plan devant la porte de la maison d’Natacha. Jimmy et Natacha arrivent, Natacha ouvre la porte et entre. Elle s’apprête à fermer la porte. Plan de profil. Jimmy ne comprend pas.

Jimmy - Tu m’embrasses pas?
Natacha - Pardon? Ah, évidemment, quelle débile. Comment j’ai pu oublier ça? Bon, heu, écoute, j’me suis beaucoup amusée avec toi, c’était très sympa, merci beaucoup, mais bon, tu commences à légèrement me soûler, j’en ai marre. t’es trop collant! Et puis, j’ai bien l’impression qu’tu es encore amoureux de ta Julie, là. Enfin bref, c’était très sympa, mais tu m’ennuies, maintenant.
Jimmy - Tu... Tu me largues?
Natacha - Oui! Bon, allez, je suis fatiguée moi. Bonne nuit!

Natacha ferme la porte. Plan de face, Jimmy est complètement désorienté. Il se laisse tomber sur le sol.

Scène 16
Comme la pluie: Jimmy marche dans les rues, boit dans un bar(plan de dehors), et s’arrête sur un banc près du Breda. Fin de la musique. Plan de 3/4 dos. Jimmy regarde le fleuve, appuyé sur le muret. Il hésite quelques instants, puis grimpe sur le muret. Il va sauter quand Maël accourt, en pyjama, et l’attire contre lui pour l’empêcher de tomber.

Maël - Putain, Jimmy, c’est quoi ce bordel? Elle a rompu, c’est ça? Mais c’était prévisible, tout le monde savait que ça finirait comme ça, on t’avait prévenu, fallait pas déconner! Allez viens, j’te ramène...

Jimmy est complètement bourré, il ne tient pas sur ses jambes et n’arrive pas à aligner deux mots à la suite.. Maël le tire, ils sortent du cadre.

Scène 17
Plan dans la chambre de Maël: Jimmy a l’air un peu remis, mais est toujours un peu dans les vapes, Maël ramène un verre d’eau qu’il pose sur la table de nuit. Il s’assoit à côté de Jimmy, lui passe un bras sur les épaules.

Jimmy - J’en reviens pas... Comment j’ai pu être aussi con? (rictus) Elle m’a bien embobinée, celle-là...
Maël - Allez, tu t’en remettras... Une de perdue, dix de retrouvées!

Jimmy sourit, attend un instant, puis se lève pour quitter la chambre. Maël le retient par le bras.

Jimmy - Je crois que je serais capable de retrouver le chemin tout seul dans le couloir, maintenant.

Maël ne répond pas, le force à se rasseoir. Plan sur leurs visages. Maël se rapproche un peu. Plan un peu plus éloigné, Jimmy vient embrasser Maël dans le cou et l’allonge sur le lit, sortant du cadre.

Scène 18
Plan dans le couloir, plongé dans l’obscurité. Alice sort de sa chambre, se frotte les yeux, et voit Jimmy sortir en vitesse de la chambre de Maël, habillé d’un jean. Elle le suit du regard, puis se dirige à son tour vers la chambre. Plan sur la porte, Alice rentre, anxieuse. Plan sur Maël assis dans le lit, nu (on voit son torse et une jambe seulement). Plan sur Alice qui referme la porte rapidement, gênée.

Alice - Habille-toi, vite, faut que j’te parle.
Maël - Alice...
Alice - Ta gueule, habille-toi j’te dis!

La porte s’ouvre quelques instants plus tard, Maël sort, les cheveux ébouriffés, une chemise passée à la va-vite sur le dos. Alice le pousse presque vers l‘intérieur, ferme la porte, on commence à entendre des propos de disputes.
Plan sur Manon qui sort de sa chambre à son tour, passe à côté de celle de Maël, tend l’oreille, puis se dépêche de descendre les escaliers, gênée.
Plan de face, Jimmy est avachi dans le canapé et broie du noir. Il a passé un t-shirt. Manon passe derrière lui.

Manon - T’en a pas marre de foutre ta merde partout? Joue pas la victime, tout est de ta faute.
Jimmy - Grmpf.
Manon - Un vrai gamin...

Elle sort, on entend Maël et Alice de plus en plus fort, puis une porte claque, Alice descend les escaliers et passe derrière Jimmy, furibonde. Maël descend les escaliers et vient se laisse tomber sur le canapé, à côté de Jimmy. Ils boudent.

Scène 19
Plan sur le canapé. Jimmy boude, comme d’habitude. Manon passe derrière, soupire et lève les yeux aux ciel. Elle sort puis revient avec le manteau de Jimmy qu’elle lui lâche sur la tête. Jimmy sursaute.

Jimmy - Eh!
Manon - Y en a marre que tu rumines ta déprime à la con, bouge-toi un peu!
Jimmy - J’veux pas.
Manon - Y a plus de pain, tu vas chercher le pain.
Jimmy - Mais personne mange de pain de toute façon!
Manon - Je m’en fous, tu y vas.
Jimmy - Non!
Manon - SI!

Elle va chercher le pichet d’eau dans la cuisine et le menace avec.

Jimmy - OK OK! Relax... J’y vais...

Il se lève lentement, se dirige vers la porte, elle le menace, il sort en courant.

Scène 20
Plan dans la rue, devant le café où Jimmy avait revu Julie la première fois. Jimmy marche, les mains dans les poches, il regarde vaguement autour de lui, et s’arrête devant la terrasse du café. Plan sur les tables, zoom: Natacha est là avec un nouveau copain(Sylvain). Elle lui raconte sa vie, comme avec Jimmy. Celui-ci regarde plus précisément, s’étonne, la singe un peu, puis éclate de rire et continue son chemin, de bonne humeur.
Plan sur deux mendiants(Théo et Pauline) assis dans la rue. Jimmy s’arrête, ouvre son portefeuille, et y trouve une photo d’Natacha. Plan sur la photo. Plan sur Jimmy. Il sourit, la roule en boule et la jette par dessus son épaule. Plan sur les mendiants, il leur donne un billet de 20€ et s’en va. Les mendiants sont joyeux, et partent en courant.

Scène 21
Plan dans l’entrée. On entend la sonnerie. Manon entre.

Manon - Ouais ouais, j’arrive...

Elle ouvre, c’est Jimmy avec le pain.

Manon - Jimmy? T’es débile ou quoi? T’avais pris ta clé: elle était dans ton manteau quand j’te l’ai passé... OH! En plus, t’as pris du pain au sésame! Je DÉTESTE le sésame! Tu le sais bien! Tu fais exprès, c’est ça? Tu veux que j’m’en aille. Non! Je reste, c’est chez moi, t’as qu’à te barrer, toi, ça fera du bien à tout le monde! Et puis, c’est quoi ce sourire niais, là? Wow wow wow, pourquoi tu t‘avances? Qu’est-ce que tu fous, Jimmy, tu me fais peur là... Qu’est-ce que...

Jimmy la prend dans ses bras. Plan de profil. Manon est bouche bée, elle ne comprend rien à ce qui se passe. Au bout de quelques instants, elle répond maladroitement à son étreinte, ferme les yeux, et se met à sourire.

Jimmy - J’ai vu Natacha, dans la rue... (Manon se raidit) Putain, comment j’ai pu aimer une pouffe pareille? (Ils rient) Elle s’est déjà trouvé un autre pigeon... Je le plains!

Manon s’écarte, le tient par les épaules.


Manon - Jimmy, je suis tellement désolée...
Jimmy - Tu parles, c’est à moi de dire ça! J’ai vraiment déconné sur ce coup...
Manon - Ça tu peux le dire! Si tu recommences, je te jure que je te tues.
Jimmy - (riant) Amis?
Manon - Plus que jamais!

Ils se serrent à nouveau dans leurs bras.

Scène 22
Plan dans la cuisine, Alice se coupe un morceau de pain et Maël boit quelque chose. Ils se regardent parfois, se font des grimaces quand leurs yeux se croisent. Plan sur Alice. Elle regarde Maël, et se coupe avec le couteau. Plan de la cuisine. Elle porte la blessure à sa bouche, mais Maël arrive avant qu’elle ne puisse sucer le sang. Il lui prend la main. Plan sur leurs visages. Ils se regardent, Maël baisse les yeux, commence à lécher le doit de Alice. Il embrasse son doigt, sa main, puis sa joue, pour finalement embrasser ses lèvres fiévreusement.

Scène 23
Plan dans la gare. Julie et Timothée sont entourés de leurs valises, ils regardent les horaires, puis leurs billets. Plan de face.

Timothée - Oh merde, on a eu du bol, le notre part dans cinq minutes!
Julie - Je t’avais dit qu’il fallait prévoir de l’avance...
Timothée - T’es la meilleure, t’as toujours raison...
Julie - Mais toi tu es trop bête pour m’écouter.

Elle rit, Timothée fait mine de bouder, elle lui plante un bisou sur la joue.

Julie - Mais c’est comme ça que je t’aime...
Timothée - Ah, quand même!
Julie - Mon gros débile à moi.

Il lui tape l’arrière de la tête, elle rit.

Julie - Tu m’attends trois secondes? J’ai juste... Un dernier truc à faire.
Timothée - Grouille-toi, on a pas toute la journée...

Plan éloigné. Elle lui fait une autre bise et court vers la caméra. Arrivée, elle sort de sa poche une photo d’elle et Jimmy. Plan sur la photo. Julie embrasse le Jimmy de la photo, puis la déchire, et la jette dans le vent avant de repartir vers Timothée. Ils prennent leurs valises et courent vers le train. Plan sur le morceau de photo par terre, zoom.

Scène 24
Plan sur le canapé. Alice est sur les genoux de Maël, Jimmy est assis à côté. Manon entre, elle lance son manteau sur la table, en vrac, et vient s’asseoir entre le couple et Jimmy en passant par dessus le dossier du canapé.

Manon - Pfff... Vous m’dégoutez. Vous avez pas peur de rester soudés à vie, à être collés comme ça toute la journée?

Ils rient. Plan sur Jimmy et Manon.

Jimmy - Bon, c’est pas qu’on s’ennuie, mais...
Manon - Jimmy...
Jimmy - Moui?
Manon - Action ou Vérité?

Plan général. Grand silence, puis ils éclatent tous de rire simultanément. Arrêt sur image. Noir.

Générique de Fin
Plan sur un mur tapissé de photos des quatre amis, la caméra passe de l’une à l’autre sans s’arrêter, les noms s’affichent sur les photos de chacun. La caméra s’arrête sur une photo des quatre amis devant le Breda, Natacha est assise sur le muret. Zoom sur la photo. Noir.

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30 janvier 2009

Come to pass

La pluie se fracassait violemment sur les fenêtres du salon, résonnant avec bruit sur les vitres. Emy était accoudée sur le rebord, scrutant le ciel avec mélancolie. Cela faisait quelques heures déjà qu'il pleuvait, et évidemment, aucun client n'osait s'aventurer dans l'averse pour mettre fin à l'ennui fatal qui étouffait les six femmes depuis un certain temps. Emy se retourna, s'adossant au rebord de la fenêtre avec un soupir de dépit. Elle examina la salle avec lassitude, machinalement:ses cinq collègues s'y trouvaient, toutes plus désirables les unes que les autres.

Clio, la plus âgée (elle avait 42 ans depuis quelques mois, mais n'avait rien perdu de son charme envoûtant), jouait au piano un de tous ces magnifiques morceaux dont Emy ne réussissait jamais à retenir le nom, mais qu'elle ne se lassait pas d'écouter. La vétérante, vêtue d'un bustier noir et d'une jupe en tulle assortie qui couvrait ses jambes jusqu'à ses mollets, et chaussée de ballerines blanches et plates munies de lacets qui se croisaient sur sa peau pour disparaître sous le tulle, fumait une longue Marlboro sans aucune expression sur le visage. Ses longs cheveux raides d'un brun sombre, étaient lâchés et retombaient dans son dos, dépassant de quelques centimètres le siège sans dossier sur lequel elle s'était assise pour jouer.

Joan, âgée de 37 ans, peignait comme à son habitude sur une grande toile magiquement suspendue dans la pièce, faisant voler des giclées de peinture que chacune des cinq femmes évitait avec nonchalance, sans même y prêter attention. Elle portait un débardeur aux bretelles très fines, orné de rayures verticales multicolores et un mini-short assorti. Pour disposer d'une capacité de mouvement plus importante, elle allait pieds nus, sa peau brune tranchant avec les teintes froides des murs et des éléments de décoration. Sa chevelure noire formait une couronne crépue qui auréolait son visage joyeux, contrastant savamment avec les couleurs vives de ses vêtements.

Puis venait Sara et Valeria, respectivement 28 et 30 ans, toujours fourrées ensemble (même dans le cadre de leurs activités professionnelles), qui jouaient aux échecs version sorciers. Sara portait une robe noir à manches courtes par-dessus des collants opaques, ainsi que des santiags, ses cheveux blonds et bouclés tombant sur ses épaules en mèches folles, dans un désordre qui ne pouvait seyer qu'à elle. Valeria, pour sa part, était vêtue d'un costume d'homme noir à fines rayures blanches, démuni de chemise, de Derby's brillantes, un chapeau dans le même style posé sur son visage. Celui-ci était encadré par une longue cascade de cheveux bruns, séparés par deux rubans noirs noués assez serrés pour ne pas laisser quelques mèches rebelles s'échapper. Valeria était allongée dans un sofa et ne prêtait aucune attention à l'échiquier, poussait les pièces avec son pied, et ne remarquait donc pas les multiples tricheries de son amie.

Non loin d'elles « méditait » Kim, en position du lotus, couverte uniquement d'un kimono blanc qui cachait à peine sa poitrine quasi inexistante. Ses cheveux coupés à la garçonne, car indomptables, étaient ébouriffés par le ventilateur posé en face d'elle. Kim se spécialisait dans les clients qui cherchaient des femmes un rien androgynes, clients autrement nommés « homosexuels refoulés ».

Quant à Emy, du haut de ses 19 ans, elle avait enfilé une robe à la Marilyn, et coiffé ses cheveux blonds en deux minuscules couettes de chaque côté de son visage. Et elle s'ennuyait ferme. Elle s'apprêtait à quitter le salon quand la porte de la maison de passe s'ouvrit sur un silhouette masculine qui fermait un parapluie. Les six prostituées agirent simultanément. Emy se rua sur l'homme en hurlant de joie, Clio se mit à jouer un air joyeux avec un sourire en coin, Sara et Valeria envoyèrent valser allègrement leur plateau de jeu -c'était à celle qui atteindrait le nouveau venu le plus vite- , Joan se déhancha diaboliquement jusqu'à lui en lui envoyant une giclée de gouache rose fuchsia, et Kim exécuta un saut périlleux pour se retrouver près de l'homme.

“Glen!”

Hurla Emy en sautant dans ses bras.

“Depuis le temps qu'on s'emmerde ... Tu nous sauves la vie!

- Il ne va pas toutes nous sauter en même temps.” fit remarquer Joan en lui retirant son chapeau. “Avec qui tu montes, aujourd'hui?

- A vrai dire, je n'en sais rien.” répondit le dénommé Glen, embrassant chaque fille à son tour. “En fait, je pensais qu'il y aurait déjà du monde ...

- Personne depuis ce matin.” soupira Kim.

S'installa un silence durant lequel chacune tenta de trouver un argument pour convaincre Glen de l'accompagner dans sa chambre. Ce fut Clio qui le rompit.

“Et si nous lui présentions Gin?”

La réaction fut presque générale: protestations véhémentes. Seule Kim se désintéressa de la question, s'asseyant en tailleur pour reprendre son yoga. Emy fut la première à réagir:

“ Ah non alors! Depuis que Gin est là, j'ai plus de clients!

- Moi non plus.” renchérit Joan avec un vigoureux hochement de tête. “Et puis c'est pas parce qu'elle est nouvelle qui faut lui accorder tous les droits!

- Ecoutez, mes jolies, ce n'est pas de ma faute si elle les attire comme des mouches.” répliqua Clio, glaciale. “Pour ma part, ce repos me convient.

- Forcément, pour un frigidaire, c'est pas compliqué ... “ marmonna Sara.

- Moi, au moins, je ne réchauffe pas tout ce qui passe,eh, micro-ondes!”

En disant ces mos, Clio lança un regard meurtrier à Sara, qui se mit à bouder, croisant les bras, ce qui provoqua l'hilarité contagieuse de Valeria, qui finit par gagner toute la salle, y compris Kim, qui était dans un état de transe assez profond mais ne perdait pas une miette de la conversation. Même Clio esquissa un sourire, tirant une dernière bouffée de sa cigarette avant de l'écraser dans le cendrier posé sur le piano, qui, ensorcelé, continua à jouer lorsque la brune se leva pour aller déposer un baiser sur les lèvres de Glen.

“Gin ne devrait pas tarder à arriver ... En attendant, viens donc t'asseoir avec nous.

- Avec plaisir.” répondit Glen, et il passa une main sur les hanches de Clio, et une autre sur les fesses d'Emy.

Il s'assit au milieu d'un des multiples canapés pourpres du salon, accueillant Emy sur ses genoux, puis Sara et Valeria à ses côtés. Clio vint se poser sur l'accoudoir, tandis que Joan s'allongea sur les genoux de Valeria, posant ses longues jambes galbées sur le deuxième bras du sofa, ses mains sous sa nuque. Kim était assise devant eux, feignant de ne pas voir les grimaces infantiles que lui adressait Emy.

“Alors comme ça,” questionna Glen, “vous avez une nouvelles?

- Depuis plusieurs semaines déjà.” répondit Clio en allumant une nouvelle cigarette de bout de sa baguette magique. “Elle se fait appeler Gin, on n'a pas le droit de donner son vrai nom ...

- Oh, tu tiens tes promesses, maintenant?

- Oui, enfin, c'est surtout qu'elle est experte en sortilège de Chauve-Furie ... N'est-ce pas Sara?”

L'intéressée grimaça. Glen préféra ne pas connaître les détails ... Cependant, quelque chose titillait son esprit depuis que Clio avait nommé sa nouvelle “protégée”. Cette Gin, il était persuadé de la connaître ... Après tout, peut-être valait-il mieux qu'il résiste à la curiosité. Si cette femme faisait partie de son passé, d'une manière ou d'une autre, elle risquait de le reconnaître, et alors tout ressurgirait. Et Glen ne voulait surtout pas ça. Il avait changé de nom, de lieu de vie, il avait falsifié des masses de documents, et avait été jusqu'à simuler sa mort pour que plus jamais personne ne le connaisse sous le nom de Harry Potter. A présent, le Survivant était mort. Il était Glen Beresford, né-moldu, élève de Hufflepuff à Hogwarts durant toute sa scolarité, aujourd'hui sans emploi et vivant de l'héritage de ses parents. Voilà ce qu'il était, ni plus, ni moins. Il avait coupé tous les ponts, et cela faisait désormais cinq ans, ce n'était pas pour être reconnu par une de ses anciennes maîtresses ou camarde de classe! Il valait mieux qu'il s'en aille, oui, il allait faire ça. Il ne reviendrait plus. Il allait saluer les jeunes femmes, prendre son parapluie, et ...

Hello, buster ...”

Trop se retourna avec anxiété, mais la jeune femme qu'il avait devant lui ne ressemblait en rien à quelque connaissance. Une beauté pareille ne s'oubliait pas ...  

La jeune femme avait la peau pâle. Elle était de taille moyenne, mince, mais dotée de formes incroyablement généreuses. Une longue robe pourpre sans manches, fendue sur la cuisse, découvrait en grande partie sa gorge plus que désirable, et des escarpins rouge sang à talons épousaient parfaitement la forme de ses pieds. Une longue chevelure rousse ondulée encadrait son visage magnifique dont les yeux couleur chocolat fixait Harry avec audace. La jeune femme portait dans la main droite un verre à pied rempli d'un vin dont le rouge s'accordait parfaitement avec son vêtement, verre dans lequel elle buvait parfois de façon très provocante. Harry promena son regard sur le corps splendide de cette femme, des pieds à la tête et de la tête aux pieds. Amusée, Gin alla s'asseoir sur le piano, croisant les jambes. Harry la suivit du regard, époustouflé. Sans aucun scrupule, il posa Emy sur le sol et se dirigea vers la nouvelle venue, charmé. Clio leva les yeux au ciel, Sara et Valeria soupirèrent, Joan retourna à sa peinture et Emy, boudeuse, croisa les bras après avoir pris la place de Harry dans le canapé.

Le jeune homme s'appuya sur le rebord du piano, à côté de la jeune femme, dans une position qu'il voulait décontractée, mais trébucha sur le tapis, et dû se rattraper à l'instrument, posant une main à plat de chaque côté de Gin, et avançant malgré lui la tête pile dans son décolleté, se retrouvant dans une situation, certes, extrêmement appréciable, mais aussi très gênante, même compte tenu de sa profession.

“Eh bien,” dit-elle une fois la surprise passée, “voilà un client bien direct ...”

Elle esquissa un sourire amusé en voyant le visage rouge au possible de “Glen”, toujours planté dans son décolleté, et passa une main dans ses cheveux pour l'y enfoncer complètement. Harry, jusqu'alors pleinement ridicule, reprit ses esprits, et, saisissant le verre de vin de la jeune femme, il fit couler son contenu sur la poitrine de celle-ci, buvant l'alcool à même la peau. Passant sa langue sur ses lèvres, Gin se leva, s'adossant au piano tandis que Harry continuait à embrasser sa poitrine avec délice. Il remonta le long de sa gorge, venant la mordiller dans le cou. Caressant la cuisse de la jeune femme de l'une de ses mains, il lui susurra à l'oreille:

What's your name, honey?”

La jeune femme lui répondit dans un souffle, relevant la tête en fermant les yeux, mêlant son nom à un gémissement de plaisir étouffé:

“Ginny Weasley ...” 

A cette annonce, Harry sursauta violemment, laissant se briser le verre d'alcool au sol dans un bruit qui fit se tourner toutes les têtes vers les deux jeunes gens dans un même mouvement. Ginny fixait son ex-mari avec de grands yeux sans comprendre sa réaction si brusque. Reprenant ses esprits, le jeune homme l'entraîna avec un sourire charmeur vers les chambres, sous le regard ahuri des six femmes, comme entravées en pleine action, figées dans une scène assez comique.

Ginny s'éveilla la première. Elle avait passé la nuit la plus torride qu'elle ait jamais vécue. Ils avaient fait l'amour avec passion, frénésie, comme de jeunes amants encore ignorants des plaisirs de la chair. Et, malgré cette perfection, il y avait un goût de déjà-vu dans la façon d'agir de ce “Glen”, comme si elle avait déjà eu affaire à lui ... Par ailleurs, elle avait décelé dès le premier regard quelque chose qu'elle connaissait dans ce visage souriant, dans ces yeux d'un vert si profond ... Cet homme ne lui était pas inconnu.

Elle était allongée dans son lit, contemplant le corps nu de “Glen”, quand elle remarqua une bague à son annulaire gauche. Le déclic se fit aussitôt. Non, il était impossible que ce soit ... La jeune femme se leva précipitamment, se couvrant du drap, et alla ouvrir un tiroir de sa commode pour en extirper un écrin noir, d'où elle sortit un anneau en tout point semblable à celui qui ornait le doigt de Harry. Lâchant en même temps drap et bijou, Ginny plaqua une main contre sa bouche, étouffant un hurlement d'horreur. Elle recula, se retrouvant acculée au lit sur lequel elle tomba, assommée par sa découverte. Ainsi, il était vivant ... L'esprit de la jeune femme commençait à retrouver sa clarté, et elle savait exactement ce qu'elle allait faire maintenant. Harry allait payer pour toutes ces années de silence, de solitude, de pleurs et de douleur, ces années de galère où elle avait maintes fois tenté d'en finir.

Elle prit sa baguette magique sur la table de nuit, la pointa sur son ex-mari, et, le visage baigné de larmes, prononça un Imperio haineux.

Quelques minutes plus tard, Ginny fit son entrée dans le salon, maquillée, habillée, rayonnante. Sublime. Elle s'assit aux côtés de ses collègues, se mit à plaisanter avec elles. En un regard, elle sut que Clio savait. Elle sut aussi que son aînée ne dirait rien à la manière qu'elle eut de baisser les yeux pour allumer une cigarette Black Devil au chocolat. Il lui fut étrangement facile de paraître heureuse et naturelle.

Elle n'eut même pas besoin de simuler son cri d'horreur quand un coup de feu retentit au premier étage.

13 septembre 2008

Hogwarts, Hogwarts, quand tu nous tiens

Bon, je pense vous avoir fait attendre assez longtemps, désolé mais ce texte n'est pas encore fini dooooonc... Indulgence, please! Je le terminerai plus tard. Oh, au fait: homophobes s'abstenir, même si la relation n'est pour l'instant pas très poussée. =D

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“Mimi”
    Minerva Mcgonnagall pinça les lèvres. Dumbledore avait toujours eu des idées un peu farfelues. Elle pénétra dans l’espèce de cage d’escalier que venait de libérer la gargouille à l’appel du professeur. Quelle idée de choisir comme mot de passe ce vieux surnom stupide. Cela faisait bien quatre-vingt huit ans que l’on ne l’avait pas appelé ainsi. Cela ne la rajeunissait pas. Enfin bref.
    Elle commença à gravir ces escaliers de marbre lourds de souvenirs, arrêtant parfois ses yeux sur une fissure des murs lisses du colimaçon, avec un minuscule sourire nostalgique. Elle se mit à repenser au temps à présent très ancien où elle avait très souvent, alors en tant qu’élève, foulé ses marches en compagnie d’Albus. Elle se rappela Horace Slughorn, Filius Flitwick, Abraxias Malfoy, Dolores Umbridge, Abelforth Dumbledore, toute la famille Weasley, et, bien entendu, Gellert Grindelwald. Grindelwald, dont tous les élèves de la gent féminine étaient tombés sous le charme - ainsi que certains garçons, d’ailleurs -... Non, pas tous, en réalité. Pour être exact, Grindelwald se disputait avec acharnement la place de plus grand séducteur de Hogwarts avec Albus Dumbledore. Cette pensée arracha un rictus à Minerva. Toutes ces jeunes péronnelles ne savaient pas à quel point elles n’avaient pas la moindre chance de réussite.
    La vieille femme secoua vivement la tête. Tous ces souvenirs n’avaient pas à être ressassés de la sorte, du moins en ce moment. La mélancolie était décidément un sentiment bien inutile..
    Minerva poussa la porte du bureau de son ancien collègue et ami en réprimant une larme. Elle se devait d’oublier. Albus était mort, et il ne servait plus à rien de repenser à tous ces souvenirs adolescents enfouis depuis si longtemps qui n’avaient désormais plus aucune importance. Minerva passa une main sur ses paupières de façon à effacer les débuts de larmes qui avaient perlés aux coins de ses yeux. Si un élève, ou pire, un membre du personnel, la surprenait, elle n’oserait plus jamais sortir de son bureau sans lunettes et cagoule noires. Et puis, elle avait du travail. Si Snape, le nouveau directeur, fouillait dans les affaires de son ex-supérieur, ce que Minerva le pensait très capable de faire, il valait mieux qu’il ne tombe pas par inadvertance sur certains documents un peu trop... Capitaux pour l’Ordre du phénix. La vieille femme n’avait toujours pas confiance en lui et cela ne risquait pas de changer. Elle commença par écarter les lourdes portes de l’armoire en chêne dont Albus se servait pour ranger sa Pensine ainsi que les diverses fioles contenant sa précieuse mémoire, cadeau de Minerva pour son centième anniversaire. L’armoire avait appartenu à Godric Gryffondor lui-même, et était bien entendu unique en son genre. Elle valait des millions.
    Minerva entreprit de ranger les petites fioles contenant les souvenirs de son collègue dans une sacoche en cuir de dragon spécialement conçue à cette usage, les calant bien les uns contre les autres afin d’éviter tout contact susceptible de briser le verre des flacons. Elle lisait au fur et à mesure les étiquettes des fioles, recensant chaque souvenir dans un petit carnet marron où elle en avait noté le nombre afin d’être sûr de n’en oublier aucun. Elle s’aperçut qu’elle les connaissait tous, chacun d’entre eux lui ayant été montré par Dumbledore lui-même au cours des derniers mois précédant son décès: à croire qu’il avait prévu son assassinat et avait pris ses précautions... Minerva rangea la dernière fiole dans la sacoche.
    Étrange... Il restait une place, et il manquait d’ailleurs une petite croix sur le carnet aussi. Fronçant les sourcils, Minerva se pencha le plus qu’elle pouvait, afin de regarder de plus près le tiroir dans lequel Albus avait disposé ses différents souvenirs. Elle inspecta chaque recoin, tâta tout ce qu’elle pouvait pour trouver, finalement, une protubérance sur un des bords du tiroir. Sortant sa baguette, elle prononça un faible:

“Diffindo!”

Curieuse de ce qu’elle allait découvrir. Car, en effet, elle avait relu toutes les étiquettes et était sûre de n’avoir vu aucun souvenir supplémentaire de son défunt ami. découpant le bois avec précaution, elle retira très lentement d‘une petite cavité une enveloppe jaunie, déjà ouverte, semblant contenir un objet de la même taille et d’à peu près le même poids, la même taille et la même forme que les fioles de souvenirs. Minerva sortit la fiole de l’enveloppe, la posa en équilibre sur le bord du bureau dont elle s’aida pour se relever, puis extirpa du papier une feuille de parchemin rongée par le temps, qu’elle commença à lire.

‘Al.’

Cette lettre ne lui était donc pas destinée. À vrai dire, Minerva le savait parfaitement. Elle avait dès le début reconnu l’écriture fine aux courbes difficiles à confondre: la sienne. Ou plutôt, celle qu’elle avait avant. Quatre-vingt huit ans avant. Cette lettre, elle l’avait envoyé le lendemain du bal de Noël donné en l’honneur du Tournoi des Trois Sorciers... Ce soir terrible où son cœur s’était brisé. Brisé à cause du seul homme avec qui elle aurait cru ne jamais rien avoir à craindre: Gellert Grindelwald.

‘Al.
Ce n’est plus un secret. Je t’aime. Tout le monde le sait maintenant, et même si tes sentiments ne sont pas réciproques, sache que je ne vis, que je ne respire que pour toi. Quand je parle, c’est de toi, quand je pense, c’est de toi, quand je rêve, c’est à toi, quand je ris, quand je pleure, c’est pour toi. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Plus que tout au monde, je t’aime. Je n’ai que toi, alors que toi, qu’est-ce que tu pourrais bien faire d’une fille comme moi? Je ne fais pas le poids face aux autres, je le sais bien. Je ne te demande pas de m’aimer. Je te demande juste de m’aider, de m’aider à guérir, à vivre sans toi. Non, je ne veux pas vivre SANS toi. Je veux être avec toi, toujours. Mais je veux guérir de cet amour qui me pourchasse depuis que je te connais. Je t’aime et ce n’est pas réciproque, mais je veux rester ton amie, au moins. Tu es la seule chose qui m’empêche de sauter par la fenêtre du dortoir. Prends en conscience. Je t’aime.

Complètement, Entièrement, Toute à toi.
Minerva.’

La vieille femme ôta ses lunettes afin d’essuyer ses larmes. Elle tenta de les poser sur le rebord du bureau, mais elle rata son coup et lâcha les lunettes dans la Pensine. En rapprochant son bras, elle renversa la fiole sans le voir et le souvenir se déversa dans la bassine sans qu’elle s’en aperçoive. Poussant un juron qui aurait suffi à n’importe qui pour ne plus croire que la femme qu’il voyait devant lui était bien McGonagall, elle plongea sa main dans le chaudron et, aussitôt, se sentit happée vers le fond. C’était comme si une main glacée s’était emparée de son bras et l’entraînait vers le liquide bouillonnant. Résistant tant bien que mal, Minerva perdit l’équilibre et plongea tête la première dans la Pensine.

La vieille femme atterrit en plein sur une table autour de laquelle plusieurs élèves riaient, parlaient avec animation. Elle était dans le souvenir. Ce souvenir terrible. Non, elle ne voulait pas le revivre! Pas maintenant! Surtout pas maintenant! Trop tard. Elle était dedans, et elle ne pouvait ni l’ignorer, ni en sortir. Quand elle fermait les yeux, l’image s’imposait à elle dans son esprit et elle ne pouvait éviter de revivre ce qui devait sûrement être le pire de sa vie. Elle tenta de se détendre en observant le reste de la salle, et ne put s’empêcher de remarquer plusieurs visages familiers - c’était d’ailleurs assez amusant de remarquer à quel point ils avaient changé - : Horace Slughorn, maigre comme un clou, et Filius Flitwick, surpassant de trois têtes au moins la totalité des élèves et du personnel de Hogwarts, comme d’habitude, se battaient à coups de sortilèges; Cornelius Fudge, un jeune délinquant grunge dealer de drogue qui était déjà allé deux fois en audience au Ministère; Dolores Umbridge, sa petite amie, une fille très pâle, très mince, habillée entièrement de noir, aux cheveux noirs, affublée de plusieurs bracelets et colliers cloutés, son rat posté sur une épaule buvait avec lui de la Bièraubeurre alcoolisée; Abraxias Malfoy, lui n’avait pas changé, un visage très allongé sur un corps fin, de longs cheveux blonds platine attachés en une queue de cheval par un ruban noir, un air hautain et méprisable sur le visage; Alastor Maugrey, un fils à papa très beau mais extrêmement froussard qui se faisait très souvent agresser par la bande de Malfoy; les Weasley, au nombre de 20 dans tous l’établissement, fidèles à eux même; Evan Prewett, promis à une jeune femme prénommée Maggie Enagan, une jolie rousse cousine des Weasley; Bathilda Tourdesac, la cancre de Hogwarts, qui évitait soigneusement la bibliothèque... Une multitude de souvenirs revinrent à la mémoire de Minerva, qui ne put s’empêcher de sourire. Ce sourire disparut presque immédiatement, car une jeune fille de taille moyenne, aux cheveux lisses courts et bruns foncés, habillée d’une robe moulante rouge sang aux épaules découvertes, arrivant juste au dessus des genoux, et chaussée de talons hauts rouges également, venait d’entrer dans la salle. Elle se dirigeait avec détermination, un sourire ravissant sur les lèvres, vers la table où était assis une bande de jeunes hommes de Gryffindors, dont Albus Dumbledore. Minerva reconnaissait parfaitement la jeune fille magnifique qui venait d’entrer. Cette jeune fille, c’était elle.

    Minerva adressa un sourire radieux à Albus. Dieu qu’il était beau! Ça aurait dû être interdit d’être aussi magnifique. Quelle bombe... Minerva se reprit. Si elle se mettait à baver devant tout le monde, ça risquait de tourner au ridicule. Elle inspira un grand coup puis marcha d’un pas décidé vers la table où était assis Albus. A côté de lui, Abelforth boudait, comme d’habitude, et Evan Prewett racontait des blagues pour le moins stupides, qui tournaient toutes autour des Sangs-de-Bourbe ou des blondes. Imbécile. Enfin bref.
    Adressant un signe de la main à Abelforth et Evan, elle claqua une énorme bise sur la joue d’Albus qui en garda une grosse trace rouge. Cela indifféra Abelforth, fit éclater Evan d’un rire gras et rougir Minerva. Celle-ci était assez exaspérée par les deux amis d’Albus qui avait dû le remarquer car, s’il faisait semblant de rie, Evan avait d’un coup hurlé de douleur et regardé méchamment en direction d’Albus. Minerva étouffa un gloussement puis, saisissant le bras d’Albus:

“Tu viens danser?
_Ben...
_Siteupléééééééééé!”

    Albus, plutôt réticent, craqua cependant comme à son habitude à la frimousse suppliante de son amie. Il quitta sa chaise en levant les yeux au ciel et, accompagné par un “OUIIIIII” perçant de la part de Minerva, il se laissa traîner vers la piste où jouait un groupe qui faisait fureur en ce moment: 4U. Une chanson par la suite mondialement connue et reprise des centaines de fois - chez les sorciers, s’entend - : Do The Hippogriff.
    Minerva, avec un sourire triomphant, fit un petit signe discret au groupe, et aussitôt la musique changea, passant du bon gros rock au slow lancinant, lui aussi culte, mais qui gêna un tout petit peu Albus au vu du changement de couleur qui opéra sur ses joues... 4U entama ainsi Magic Works, LE slow sorcier sur lequel tout le monde avait dansé au moins une fois dans sa vie...

“All right everybody... Er... This song is for all the lovers here... And I know there are many of them! So... Here comes Magic Works. Enjoy it!

And dance
You’re final dance
This is
You’re final chance
To hope
The one you love
You know you’ve waited long enough

So…
Believe, the magic works...”

    Minerva était au paradis. Elle était dans les bras de celui qu’elle aimait depuis toujours, et ils dansaient un slow mondialement connu sur la piste de danse de la grande salle d’une école de Sorcellerie non moins réputée. Elle lova sa tête sur l’épaule d’Albus et ferma les yeux. Quand la chanson s’acheva, ils restèrent immobiles un instant, mais Albus eut un petit mouvement de recul. Minerva le retint et, prenant son visage entre ses mains, approcha sa bouche de la sienne. Albus se dégagea vivement, et se mit à balbutier:

“Heu... Écoute, Mimi, je...
_Quoi, je te plais pas?”

Des larmes commencèrent à couler sur les joues de la jeune fille.

“Je suis pas assez bien pour toi, c’est ça?
_Non, Mimi...
_M’appelle plus comme ça.
_Allez, c’est du délire, on peut pas rester simplement amis?
_Non, j’veux pas être ton amie! J’veux plus! C’est quoi le problème? Tu pourrais sortir avec la moitié d’Hogwarts, si t’avais envie tu m’aurais déjà jeté... Non?
_...
_C’est qui cette fille?
_Justement, Minerva. C’est pas une fille.
_QUOI? T’es en train d’me dire que t’es... C’est qui cette fille?”

Avec un air suppliant, Minerva lâcha un dernier sanglot avant de repousser son ami et de sortir en courant et pleurant à chaudes larmes de la salle de bal. Quasiment personne n’avait remarqué l’”incident” et ceux qui avaient vu avaient l’air de s’en fiche éperdument.

Albus se passa la main sur le front et releva ses cheveux en arrière. Il en manquait plus que ça...  Le jeune homme commençait à se demander s'il n'aurait pas mieux fait de mentir en faisant croire à Minerva que son sentiment était partagé. Cela lui aurait évité la cette crise de larmes. Mais ç'aurait été mentir et il se répugnait à faire ce genre de choses. Bien sûr, le fait de mentir en soi ne lui poser pas de problèmes, mais ne pas dire la vérité, toute la vérité sur  ses sentiments dan ce genre de sentiments lui donnait envie de vomir. L'amour était décidément un sentiment bien compliqué. Quittant la piste de danse, Albus alla s'asseoir, seul, sur un des tabourets du bar et se fit servir un verre de Whisky Pur Feu. A l'occasion des neuf-cents ans de Hogwarts, on avait exceptionnellement autorisé la consommation d'alcool aux élèves. En temps normal, le Gryffindor ne prenait jamasi d'alcool, quel qu'il soit, mais cette fois-ci il avait vraiment besoin d'un remontant. Un remontant efficace. Et il n'avait rien trouvé d'autre pour se détendre et se passer les nerfs. C'était pour lui une expérience presque totalement nouvelle: les seuls alcools qu'il avait jamais consommé étaient le cidre, une boisson Moldue dont l'accompagnation de crêpes avait aténué les effets nocifs, et la Biéraubeurre alcoolisée, qui en soi n'était pas si alcoolisée que ça: Albus partait vite. Le Whisky Pur Feu était donc pour lui quelque chose de complètement nouveau.

Il ferma les yeux, se préparant à un goût merveilleux en se souvenant les dires de ses amis, puis porta cérémonieusement son verre jusqu'à ses lèvres, avant une goulée de la boisson dorée... Et faillit la recracher immédiatement. C'était infect! Enfin, pas exactement. Le goût était tout à fait acceptable, mais c'était mille fois plus fort que ce à quoi s'attendait le jeune homme. Il se mit à tousser à en cracher ses poumons, attirant sur lui les remarques moqueuses de la bande de Malfoy, ainsi que les regards attendris d'un groupe de jeunes filles de sixième année. Les larmes aux yeux mais décidé à finir ce qu'il avait entamé et à surpasser cette épouvantable expérience, il amena une deuxième fois son son verre à ses lèvres. Maintenant qu'il savait à quoi s'attendre, il lui semblait que le goût passait mieux. Le second verre fut descendu un peu plus vite. Le troisième aussi. Le quatrième fut bu cul sec. Suivirent un cinquième et un sixième qui n'aurait pas été le dernier si quelqu'un n'était pas intervenu. C'était la rpemière cuite d'Albus, et ce n'était pas désagréable... Il se sentait déjà partir un peu quand une main vint recouvrir son verre pour le reposer sur la table. Albus, ne comprenant pas tout de suite ce qui s'était passé, tenta de boire quand même mais ses lèvres rencontrèrent cette main inconnue, dont la peau était étonnament douce. Tournant la tête, il tomba sur le visage merveilleux de Gellert Grindelwald.

Gellert était tout simplement le plus bel homme que l'on puisse imaginer. Du haut de ses dix-sept ans, il était à la fois Préfet-en-Chef, Capitaine de l'équipe de Quidditch de Slytherin et le meilleur élève de Hogwarts mais aussi le plus jeune milliardaire du monde Sorcier jusqu'à présent. En bref, l'homme parfait. Son visage, d'une peau de porcelaine, était composé de traits aristocratiques, étonnament fins. Il avait de grands yeux bleus emplis d'intelligence et d'une ambition presque effrayante, et des cheveux d'un blond chatoyant, mi-longs, dont les pointes étaient très légèrement bouclées de façon à rajouter encore un peu plus de charme à ce visage déjà superbe. Dans son trois pièces gris clair, il était sublime.

Albus était déjà un peu pompette, et sentait ses paupières se fermer malgré lui. Il devait rester éveillé! Il y était obligé! Il n'aurait assurément pas de nouvelle occasion miracle telle que celle-ci, c'était sa chance et il devait la saisir. Il fallait qu'il dise quelque chose, qu'il sorte un truc marquant, comme dans tous ces films et feuilletons Moldus dont les filles raffolaient... "Salut, bel étranger"? Non, c'était complètement débile. La personne qu'il convoitait depuis le début de l'année, l'objet de ses plus grands fantasmes se tenait devant lui, enfin! Il devait dire quelque chose, ou alors Gellert s'en irait, et il le regretterait toute sa vie. Déjà, ses paupières recommençaient à se faire lourdes...

"Sympa, ton costume."

Pathétique. Albus eut à peine le temps de prononcer ces mots qu'il s'effondra sur Grindelwald, dormant profondément.

Quelques minutes plus tard, Albus fut réveillé par un mal de tête affreux. Il avait l'impression que l'on imposait une lourde masse sur sa tête et que l'on s'amusait à appuyer dessus de façon à compresser son crâne sans aucune pitié. Heureusement, un petit coup frappé sur sa tête de quelque chose qui semblait être une sorte de branche d'arbre, suivi de quelque mots provoquèrent en lui un frisson assez agréable puis un apaisement presque complet de la douleur. Albus sourit et se blottit un peu plus contre son coussin frottant sa tête dessus comme un gamin. Hum. Minute. Coussin? Il lui semblait pourtant qu'il était allongé sur de la pierre... Qu'est-ce qu'un coussin pouvait bien trafiquer sur un socle de pierre? Albus ouvrit les yeux et leva la tête, perplexe. Il regarda autour de lui, rencontrant alors le regard apaisant de Gellert Grindelwald. Re-hum. Si on se référait à la présence du visage de Gellert au dessus du sien, alors cela devait signifier que ce qu'Albus avait au départ pris pour un coussin était en réalité... Les genoux de Grindelwald?

Faisant preuve d'une vivacité assez incroyable, Albus plaqué ses mains sur les cuisses de Gellert et s'appuya dessus pour trouver la force de se relever. Son visage était rouge au possible. Il leva les yeux vers Grindelwald qui lui souriait toujours. Jamais le jeune garçon n'avait croisé aussi incroyable regard. Les yeux de Gellert étaient tout simplement magnifiques, et Albus aurait tout donné pour figer le temps à cet instant précis, afin de passer son existence entière à se perdre dans cette contemplation.

"Mes genoux ne sont pas assez confortables à ton goût?" s'informa Gellert avec le sourire ravageur qu'Albus guettait à chaque seconde de sa vie, qu'il avait tant espéré recevoir un jour. Aujourd'hui, ce rêve se réalisait.

Le jeune garçon était au septième ciel. C'était le paradis! Il se retint de peu de venir se blottir dans les bras de Gellert, se disant qu'il ne devait en aucun cas briser la magie de cet instant. Par merlin! Voilà qu'il se mettait à penser comme les stupides héroïnes des feuilletons Moldus! Quelque chose devait clocher dans son esprit.

Quelques secondes s'écoulèrent encore avant qu'Albus se rende compte que l'Apollon incarné en face de lui lui avait adressé la parole. De manière interrogative. Ce qui signifiait qu'il attendait une réponse. Argh.

L'amoureux transi rougit de plus belle, avant de bégayer un:

"S-s-si si, t-t-tes gen-n-nounoux s-s-s-s-sont par-faifaits!"

Assez pitoyable. Il se ressaisit vaguement et tenta un sourire, manquant de fondre d'aise quand Grindelwald ferma les yeux et que ses lèvres s'étirèrent de nouveau en un sourire miraculeusement charmeur. L'envie de couvrir de baisers fiévreux son interlocuteur se faisait de moins en moins facile à réprimer, aussi Albus préféra-t-il détourner les yeux, même s'il lui en coûtait de s'arracher à sa contemplation. Exécutant un quart de tour pour s'asseoir sur le muret, il reporta toute son attention sur l'herbe qui s'étalait sous lui et qui lui sembla tout à coup d'un intérêt incommensurable.

"Dis..." entama Albus, hésitant. "Pourquoi t'es venu me parler?"

Il se mit à guetter du coin de l'œil les réactions de son interlocuteur, anxieux. Celui-ci haussa les épaules, puis se mit à regarder dans le vague en répondant:

"J'avais juste... Envie de te connaître.

_Pourquoi?" interrogea Albus un peu trop brusquement, franchement surpris: c'était vrai, après tout, Gellert avait tout Poudlard à ses pieds, pourquoi s'intéresserait-il à Albus en particulier?

Gellert eut l'air blessé: il baissa la tête et Albus crut le voir rougir. Mais ce devait être une hallucination: Gellert était trop parfait pour éprouver une quelconque honte. Le jeune garçon faillit s'étrangler quand il entendit la réponse du Serpentard.

"Mais... Je peux très bien partir, si c'est ce que tu souhai...                                                                                                               _NON!" hurla presque Albus. "J'veux dire... Non non, reste, ça me gêne pas du tout..."

Pour rien au monde, il ne l'aurait laissé s'en aller. Comme pour se faire pardonner, il se rapprocha de Gellert, se collant presque à lui. Etrangement, après l'"hésitation" de Grindelwald, il ne se sentait plus aussi gêné, il était même très décontracté. Il ferma les yeux, sourit, relachant la tension dans ses épaules. Il était bien.

"Albus..."

Le quasi-murmure de Grindelwald le fit sursauter, et manqua de le faire tomber en arrière, dans le lac. Mais Gellert, l'atrappant aux épaules, le maintint à ses côtés. A présent, Albus ne pensait plus à rien sinon au visage indescriptiblement beau qui se trouvait à quelques centimètres seulement du sien. Il plongea son regard dans celui de Gellert, se releva lentement, rougissant quand il s'aperçut que l'une des mains du Serpentard retenait fermement la sienne, et que l'autre s'était glissée dans sa nuque, l'attirant avec force. Au bout d'un instant, Albus oublia sa timidité, laissant place au désir fou que Grindelwald provoquait en lui. Il avança lentement le visage vers celui de Grindelwald, se mordant légèrement la lèvre. Puis, laissant tomber tout principe, il se rua sur le jeune homme, l'embrassant avec fièvre. Il sentit la main de Gellert se faire de plus en plus pressante dans sa nuque, s'enroulant dans ses cheveux, et l'autre lui caresser le dos, lui arrachant des frissons de plaisir. Albus pleurait de joie. C'était le plus beau jour de sa vie.

Minerva se laissa tomber sur le parquet du bureau avec un bruit sourd. Elle venait de revivre le pire moment de son existence, envoyant valser la carapace qu'elle s'était crée, et qu'elle avait renforcée durant toutes ces années. Elle s'était jurée, ce soir là, de ne plus aimer personne, et de ne plus pleurer par amour jsuqu'à la fin de ses jours. Revoir ce souvenir... En voyant combien el Albus de cette époque était heureux... Lui brisait le cœur. Elle se sentait incapable. Elle n'avait pas réussi à le rendre heureux. Elle n'avait fait qu'empirer son état en s'accrochant. Et, aujourd'hui, elle ressentait combien elle avait pu l'ennuyer, combien il se fichait d'elle.

La vieille femme, trahissant sa très ancienne promesse, se mit à pleurer, à pleurer de rage, de désespoir... Elle avait l'impression d'avoir une nouvelle fois perdu la personne qu'elle aimait. Et c'était encore plus terrible que la première fois. Minerva se sentit mal, tout à coup. Il lui semblait que l'air se faisait rare, et un mal de tête incroyable la prit. Elle se mit à suffoquer, les larmes brouillèrent sa vue. Portant les mains à sa gorge, comme pour se soigner, elle sentit sa conscience se perdre. La vie la quittait, lentement. Alors Minerva sourit. Elle allait retrouver Albus.

13 septembre 2008

On est bien plus fort que ces sottises, que ces modes et que ces sixties...

Le soleil s'écrasant à la surface de l'eau. Le sable entre nos orteils. Ta tête sur mon épaule. Ma main sur la tienne... Et, le lendemain, ta maison, vide. Plus rien. Envolée, effacée...
Putain, faut que je me reprenne! Si ça continue, je vais me casser la gueule en plein dans cette conasse de guimauve qui me menace depuis... Ouais, six ans maintenant. Putain... Six ans déjà que tu t'es cassée sans rien dire, que t'as tout laissé derrière toi, sans donner de nouvelles, sans prévenir, rien. Mais bon. On peut pas t'en vouloir. On t'aurait sûrement fait peur, avec nos soirées légèrement arrosées. Onze ans, et déjà on se défonçait la gueule à coup de joints. J'imagine que tu te serais cassée de toute façon... Avec toutes nos conneries, on aurait bien fini par te faire fuir...
Et merde... Je m'y remets. Y en a marre de cette putain de nostalgie qui me prend toutes les deux secondes! Pourquoi j'arrive pas à t'oublier, hein? Je me souviens plus du nom des pétasses que je me fais la veille, alors pourquoi toi, toi tu veux pas partir? Ça fait six ans que tu squattes ma tête, et ça me pompe. Franchement.
Enfin bref. J'imagine que je vais devoir faire avec... Bon, j'ai pas le temps de me lamenter, là. Y a cette vieille pouffe et ses deux gosses qui attendent pour ce putain  de grand huit qui me donne envie de gerber depuis le temps que je le vois collé devant mes yeux. Je pensais que ce serait un bon plan, la fête foraine. Ouais, ben, foirage complet hein. Il m'emmerde ce parc, je le trouve lugubre maintenant. Je hais les gosses. Ça sert à rien, ça coûte cher, ça pue, c'est con, ça chiale et ça chie partout. C'est comme un chien en fait. En moins beau. Autant prendre un chat. C'est plus indépendant. Et puis, en fait, autant vivre seul. On fume, on boit, on baise, on s'éclate... Fuck les responsabilités.
Oh naaaaan... Encore cette fille... Elle en a pas marre de ce vieux train pourri qui fait des tours? Elle vient tous les jours ma parole! Pfff... Y a des chieurs, quand même. Et là voilà, comme d'habitude, avec un mec, qui me souffle la fumée de sa clope à la gueule, qui s'accoude au comptoir en se penchant dessus histoire que je vois bien comme elle est bien foutue... Pétasse. Et puis, pour le dernier point, c'est foiré. Elle a pas de seins, cette fille. J'avoue que pour le reste, elle est pas mal. Plus vulgaire tu meurs, mais plutôt mignonne. Enfin bref.
Presque par automatisme, je lui tends son ticket. Elle attrape à moitié ma main et attarde la sienne, façon vieux film ricain. Mais à quoi elle joue? Avec un sourire limite carnassier, elle se retourne et, au bras de son mec, elle dandine son cul moulé dans un jean slim jusqu'à l'entrée du train. Il est même pas parti qu'elle hurle déjà... Quelle conne. Ah, tiens, son copain a honte. Il lui dit un truc, j'entends rien... Eh, je m'y attendais pas, à celle-là! La fille vient de se casser en pleurant, et le mec a une grosse trace rouge sur la joue. Ben voyons! Il la poursuis même pas. Il vient d'offrir le ticket de sa copine à la première pétasse qui passait par là... Bah. C'est son problème, après tout.
Une ou deux personne arrivent encore, puis le train démarre. C'est vraiment un enculé, ce mec! Il s'amuse comme s'il c'était rien passé du tout, et il passe un bras protecteur au-dessus des épaules de la blondasse qui l'a rejoint. Je m'accoude au comptoir. C'est le dernier tour de la journée, plus personne viendra m'emmerder après ça... Je repense à la fille qui est partie en courant. Pff, j'arrive même pas à me rappeler son visage, et c'est assez drôle parce que c'est le tien que j'associe au corps sans tête qui me vient à l'esprit. C'est assez bizarre comme mélange. Non, décidément, ça ne colle pas du tout. Bah.
Le temps que le train s'arrête, la nuit est tombée. En un quart d'heure, tout le monde quitte le parc comme s'il avait la peste. Bon. Plus personne, c'est mon tour. Je ferme le comptoir à clé puis me dirige vers la remise où je suis censé les remettre, les mains dans les poches, sifflotant un air qui me trotte dans la tête depuis quelques heures déjà. Je remets les clés a gardien, lui souhaite une bonne nuit, puis je me casse. Un bon verre, et au lit direct. Demain je bosse pas.
Le bus est en retard. Qu'est-ce qu'il fout, encore? Jamais à l'heure, cette vieille machine. Après presque vingt minutes d'attente, le voilà enfin. Je ne sais pas pourquoi, j'ai ton visage et celui de la fille qui se superposent, et depuis tout à l'heure, je suis là comme un con à essayer de les comparer pour noter ressemblances et divergences. Ça sert à rien mais ça m'occupe. Ah, enfin! Je monte dans ce putain de bus. Pas de "Bonsoir", fallait être à l'heure. Je m'appuie contre la vitre. Finalement, j'aurai mieux fait de marcher, je vais finir par m'endormir dans ce vieux machin sur roulette. Bon, tant pis.
A mi-chemin, je sens que je sombre vraiment, je décide de sortir. Il fait bon, il pleut pas... Enfin bon, autant rentrer à pattes, quoi. De toute façon qu'est-ce qu'il peut m'arriver? Au pire, un p'tit rageux sur le... OH PUTAIN! J'hallucine! Cette fille est debout de l'autre côté de la rambarde, sur le pont! Elle va sauter ma parole! Non mais quelle conne. Bon, je pourrais passer mon chemin et là laisser finir sa vie tranquille mais... Non, décidément, je peux pas. J'associe le visage de cette fille au tien et ça me perturbe. Alors, j'avance. Doucement... Ne pas faire de bruit, surtout. Si je lui fais peur, elle va tomber encore plus vite. Plus que trois mètres... Deux... Un...

"AAAAAAAH! LÂCHEZ-MOI! LÂCHEZ-MOI, SALE PERVERS!"

Eh! C'est quelle se laisse pas faire, l'animal! Aouch, un genou dans les abdos. Bon, tant qu'elle va pas en dessous de la ceinture... Tant bien que mal, je la remets à terre, mais elle continue à crier et à donner des coups dans tous les sens... Bon, je vais pas la frapper, ça va l'énerver encore plus, et puis j'aurai l'air de quoi, moi après? Je fais comment? Je commence à en avoir ras le cul moi, de cette pouffiasse qui me hurle dessus parce que je viens de lui sauver la vie! Je trouve rien. Enfin, j'ai bien une solution, mais... Je risque de me faire encore plus frapper. Tant pis, lançons-nous! A la une... A la deux...

"VOUS ÊTES TARE OU QUOI? LAISSEZ-MOI TRANQUILLE! J'EN AI MA CLAQUE DES TARES, LÂ-CHEZ-M..."

Miracle! Elle ferme sa gueule! Pas trop tôt. Espérons que ça n'empire pas après... Bon, c'est une manière un peu radicale, maaais... Au moins, elle se la ferme. En même temps, elle n'a pas trop lechoix.

"Bon, tu t'calmes maintenant? T'arrêtes de faire chier? Je viens d'te sauver la vie!
_Pardon?
_Au cas où tu l'aurais pas remarqué, t'étais en train de passer de l'autre côté de la rambarde pour sauter.
_Moi? Sauter de là? Mais vous êtes cinglé! Si vous avez besoin d'un prétexte pour m'embrasser, dites-le moi, me faites pas à moitié crever de peur avant!
_QUOI? Mais j'vais vraiment t'tuer si tu continues!
_ET BEN VAS-Y, J'T'EN PRIE! T'FAÇON J'SERS A RIEN, J'EN AI MARRE, j'en peux plus..."

Oh là. V'la autre chose. La voilà qui fond en larmes et qui s'effondre sur moi. C'est gênant comme situation. Je fais quoi, maintenant? Récapitulons:  je suis sur un pont désert, en pleine nuit, avec une inconnue suicidaire dans les bras. Hum hum. Tiens, v'la le bus. Il tombe bien, lui!
Allez, je la ramène chez elle, je la surveille un peu histoire de me rassurer et je m'en v... EH! MAIS C'EST QU'ELLE DORT, CETTE PÉTASSE! Elle s'est endormie dans mes bras! Et meeeeerde... Bon, tant pis. Pas trop d'autre choix...
Bon, elle est pas lourde, c'est déjà ça. Je la porte dans mes bras, la fait entrer dans le bus, l'installe sur un siège et vais me payer un ticket. Ben oui parce que le mien je l'ai composté tout à l'heure.
Et voilà que cet enculé de chauffeur me fait payer pour la nana aussi! Je jure entre mes dents. Bon, moi j'ai pas le choix. Je paye... Ouh, elle va regretter de s'être endormie, celle-là!
Je m'asseois à côté d'elle, le moral dans les baskets. Pourquoi je fais tout ça, au fait? Je la connais pas, cette fille! A part qu'elle vient tous les jours m'allumer au Grand Huit avec un mec toujours différent, je l'ai jamais vue! Qu'est-ce que j'en ai à foutre, si elle veut clamser? Rien du tout. ABSOLUMENT rien du tout. Et pourtant... Quelque chose m'empêche de la laisser toute seule. Je sais pas quoi, mais... En fait... Si, bien sûr que je sais pourquoi. Je veux pas l'admettre mais... Oh, bordel, c'est MA conscience, j'peux bien dire ce que je veux dans ma tête, merde! Evidemment que je sais ce qui me retient de la laisser toute seule sur le pont qu'elle avait choisi! C'est cette putain de ressemblance. Elle a exactement le même visage que toi, cette connasse! Chuis sûr que si t'étais resté, t'aurais eu cette tête! Alors moi, comme un con, je t'identifie à elle. Parce que oui, je t'aime toujours, oui je pense à toi, oui je veux que tu reviennes! Faudrait vraiment que je trouve quelqu'un. Tiens, une nana psychologue! Doit bien y avoir des psys canons à Paris! Et pis comme ça peut être que je t'oublierai plus facilement...
Au fond de moi je sais que non. C'est évident! C'est des conneries ce que je me raconte. Ma vie merdique, elle changera pas. J'aurai beau fumer, baiser, me bourrer la gueule tous les soirs, je pourrais jamais t'oublier. Jamais.
Bon, le bus s’arrête. Pas trop tôt. Toujours pas réveillée? Nan. Boooon... Tant pis, je la ramène chez elle et puis... Heu, minute. C’est où, chez elle? Et meeeerdeuh! Quel con. Bon, ben tant pis hein. Je la ramène chez moi et puis j’aviserai. Pfff, c’t’histoire... Vivement que cette gamine soit rentrée chez elle et qu’on en finisse. Remarque, gamine... Elle doit avoir à peu près mon âge... En fait, elle doit avoir exactement TON âge aujourd’hui. PU-TAIN-DE-BOR-DEL-DE-MER-DE! Faut que j’arrête de penser à toi. SORS DE CETTE PUTAIN DE TÊTE! Y en a marre... Et merde! Entre temps, cte putain de bus à commencé à fermer ses portes.

“EH, TROIS SECONDES!”

Je hurle au chauffeur. Non mais. J’ai un bagage plutôt lourd moi! Bon, allez. Une, deux... PUTAIN! Elle est tellement légère que j’ai failli me casser la gueule en arrière. Bon, sortons de ce bus. Il me donne envie de gerber. Direction chez moi! J’ai du bol, j’habite juste en face. Heureusement parce qu’elle est légère, mais bon: y a des limites. J’ai du mal à ouvrir la porte avec ce poids sur mon dos... Bon, je l’assois par terre. C’est pas très sérieux mais j’ai pas le choix. Bon, porte ouverte. Etape une: OK. Reste plus qu’à trouver son adresse maintenant... De toute façon je vais pas la ramener ce soir. Faut pas déconner. Bon, je vais dormir sur le canapé. C’est pas confortable mais je suis pas un enculé non plus. Je vais pas la laisser sur cte truc tout pourri alors que moi j’ai mon bon lit pour moi tout seul. Heureusement, mon appart est petit j’ai pas besoin de la traîner dans des escaliers. Bon, la v’la sur le lit... Qu’est-ce que je fais? Je vais pas la désaper quand même. Bon, je lui enlève le manteau et les chaussures quand même. Tiens, y a des sous qui sont tombés. Bon, petit dédommagement, après tout je l’ai portée jusque là et je lui ai payé le bus. Non mais. Je mérite bien ça. Je la regarde encore un peu dormir. Elle est adorable. Son maquillage a coulé et ça lui va bien mieux comme ça. Oulah, je vais passer pour un pervers si elle se réveille, et justement, elle bouge. Faut que j’arrête de la regarder. Bon, je vais sur le canapé hein. Une grosse couverture et hop. Au dodo l’asticot!

________________________________

Pfff... Quelle heure il est? 3H du mat'? Je suis tombé comme une pierre. Mais j'ai pas fini ma nuit! Et pourquoi je dors sur le canapé? Bon, tant pis. J'ai soif. Je sors du "lit" et je vais jusqu'à la cuisine. Enfin, cuisine... L'évier, le micro-ondes et le frigo quoi.
Un peu rudimentaire. Mais ça me suffit pour vivre. Allez un verre d'eau, et au lit.

"M'sieur?"

WUAH! C'est quoi ce bordel? Ah ouais, je me souviens... La fille qui te ressemble voulait sauter, ou non, ou je sais plus trop, je l'ai ramenée, elle s'est endormie et c'est pour ça que j'ai dormi sur le canapé... Heu, d'ailleurs j'ai l'air malin moi avec mon caleçon à petits cœurs... Bah, zut hein. L'avait qu'à pas squatter ma cuisine.

"Ouais?"

Bon, pas très engageant comme "Ouais" mais j'aime pas les gens moi.

"Je... Ça vous dérangerait de..."

Bon, le temps quelle finisse sa phrase, buvons.

"Dormir à côté de moi, dans le même lit, mais sans rien tenter d'indécent?"

QUOI? Je viens de recracher mon eau dans l'évier là. Bon, après tout, mon lit est grand. Mais je sais pas si je pourrais me retenir... Hum, on essayera.

"Beeen... Bon, OK. Mais si tu ronfles, je me casse hein!"

Ben voyons, quelle subtilité, ça doit lui faire plaisir ça. Ah ben tiens. Apparemment ouais, puisqu'elle sourit. Uuuh, y a des gens bizarres quand même. Bon, allez, direction la chambre alors. Quand j'arrive, elle est déjà sous la couette. Limite si elle c'est pas rendormie. Mais non, elle me fixe des yeux comme si j'allais la violer. Elle te ressemble tellement...

"Heu... M'sieur, merci pour... Le pont, je... Je crois qu'j'étais un peu... Fin, merci, quoi."

Un pe tit grognement, c'est tout ce que j'arrive à sortir. Heureusement que je suis de dos parce que j'ai jamais été aussi rouge de ma vie.

"Je... heu... Comment je pourrais vous... Fin, vous savez, vous remercier?"

Bon, c'en est trop, je peux plus me retenir. Je me retourne, je l'attrape par la nuque, et je l'embrasse. Comme ça, paf, sans prévenir. Ces quelques secondes où nos bouches sont écrasées l'une contre l'autre me paraissent les meilleures de ma vie. Me séparer d'elle me déchire de l'intérieur. La respiration haletante, elle me sourit. Putain, ça devrait être interdit de sourire comme ça. Ce qu'elle est belle... C'est marrant, elle me fait plus du tout penser à toi, d'un coup. Toujours cette ressemblance physique mais... Je sais pas, un truc en moins. Ou non, en fait. Un truc en plus. Elle est là, à coté de moi. Toi, tu es partie. Tu n'existes plus. Il y a dix minutes, je me serais mis à chialer comme un gosse à cette pensée. Mais là, tu vois, j'en ai plus rien à foutre.

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