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On fait pas d'œufs sans presser des poules
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On fait pas d'œufs sans presser des poules
13 septembre 2008

On est bien plus fort que ces sottises, que ces modes et que ces sixties...

Le soleil s'écrasant à la surface de l'eau. Le sable entre nos orteils. Ta tête sur mon épaule. Ma main sur la tienne... Et, le lendemain, ta maison, vide. Plus rien. Envolée, effacée...
Putain, faut que je me reprenne! Si ça continue, je vais me casser la gueule en plein dans cette conasse de guimauve qui me menace depuis... Ouais, six ans maintenant. Putain... Six ans déjà que tu t'es cassée sans rien dire, que t'as tout laissé derrière toi, sans donner de nouvelles, sans prévenir, rien. Mais bon. On peut pas t'en vouloir. On t'aurait sûrement fait peur, avec nos soirées légèrement arrosées. Onze ans, et déjà on se défonçait la gueule à coup de joints. J'imagine que tu te serais cassée de toute façon... Avec toutes nos conneries, on aurait bien fini par te faire fuir...
Et merde... Je m'y remets. Y en a marre de cette putain de nostalgie qui me prend toutes les deux secondes! Pourquoi j'arrive pas à t'oublier, hein? Je me souviens plus du nom des pétasses que je me fais la veille, alors pourquoi toi, toi tu veux pas partir? Ça fait six ans que tu squattes ma tête, et ça me pompe. Franchement.
Enfin bref. J'imagine que je vais devoir faire avec... Bon, j'ai pas le temps de me lamenter, là. Y a cette vieille pouffe et ses deux gosses qui attendent pour ce putain  de grand huit qui me donne envie de gerber depuis le temps que je le vois collé devant mes yeux. Je pensais que ce serait un bon plan, la fête foraine. Ouais, ben, foirage complet hein. Il m'emmerde ce parc, je le trouve lugubre maintenant. Je hais les gosses. Ça sert à rien, ça coûte cher, ça pue, c'est con, ça chiale et ça chie partout. C'est comme un chien en fait. En moins beau. Autant prendre un chat. C'est plus indépendant. Et puis, en fait, autant vivre seul. On fume, on boit, on baise, on s'éclate... Fuck les responsabilités.
Oh naaaaan... Encore cette fille... Elle en a pas marre de ce vieux train pourri qui fait des tours? Elle vient tous les jours ma parole! Pfff... Y a des chieurs, quand même. Et là voilà, comme d'habitude, avec un mec, qui me souffle la fumée de sa clope à la gueule, qui s'accoude au comptoir en se penchant dessus histoire que je vois bien comme elle est bien foutue... Pétasse. Et puis, pour le dernier point, c'est foiré. Elle a pas de seins, cette fille. J'avoue que pour le reste, elle est pas mal. Plus vulgaire tu meurs, mais plutôt mignonne. Enfin bref.
Presque par automatisme, je lui tends son ticket. Elle attrape à moitié ma main et attarde la sienne, façon vieux film ricain. Mais à quoi elle joue? Avec un sourire limite carnassier, elle se retourne et, au bras de son mec, elle dandine son cul moulé dans un jean slim jusqu'à l'entrée du train. Il est même pas parti qu'elle hurle déjà... Quelle conne. Ah, tiens, son copain a honte. Il lui dit un truc, j'entends rien... Eh, je m'y attendais pas, à celle-là! La fille vient de se casser en pleurant, et le mec a une grosse trace rouge sur la joue. Ben voyons! Il la poursuis même pas. Il vient d'offrir le ticket de sa copine à la première pétasse qui passait par là... Bah. C'est son problème, après tout.
Une ou deux personne arrivent encore, puis le train démarre. C'est vraiment un enculé, ce mec! Il s'amuse comme s'il c'était rien passé du tout, et il passe un bras protecteur au-dessus des épaules de la blondasse qui l'a rejoint. Je m'accoude au comptoir. C'est le dernier tour de la journée, plus personne viendra m'emmerder après ça... Je repense à la fille qui est partie en courant. Pff, j'arrive même pas à me rappeler son visage, et c'est assez drôle parce que c'est le tien que j'associe au corps sans tête qui me vient à l'esprit. C'est assez bizarre comme mélange. Non, décidément, ça ne colle pas du tout. Bah.
Le temps que le train s'arrête, la nuit est tombée. En un quart d'heure, tout le monde quitte le parc comme s'il avait la peste. Bon. Plus personne, c'est mon tour. Je ferme le comptoir à clé puis me dirige vers la remise où je suis censé les remettre, les mains dans les poches, sifflotant un air qui me trotte dans la tête depuis quelques heures déjà. Je remets les clés a gardien, lui souhaite une bonne nuit, puis je me casse. Un bon verre, et au lit direct. Demain je bosse pas.
Le bus est en retard. Qu'est-ce qu'il fout, encore? Jamais à l'heure, cette vieille machine. Après presque vingt minutes d'attente, le voilà enfin. Je ne sais pas pourquoi, j'ai ton visage et celui de la fille qui se superposent, et depuis tout à l'heure, je suis là comme un con à essayer de les comparer pour noter ressemblances et divergences. Ça sert à rien mais ça m'occupe. Ah, enfin! Je monte dans ce putain de bus. Pas de "Bonsoir", fallait être à l'heure. Je m'appuie contre la vitre. Finalement, j'aurai mieux fait de marcher, je vais finir par m'endormir dans ce vieux machin sur roulette. Bon, tant pis.
A mi-chemin, je sens que je sombre vraiment, je décide de sortir. Il fait bon, il pleut pas... Enfin bon, autant rentrer à pattes, quoi. De toute façon qu'est-ce qu'il peut m'arriver? Au pire, un p'tit rageux sur le... OH PUTAIN! J'hallucine! Cette fille est debout de l'autre côté de la rambarde, sur le pont! Elle va sauter ma parole! Non mais quelle conne. Bon, je pourrais passer mon chemin et là laisser finir sa vie tranquille mais... Non, décidément, je peux pas. J'associe le visage de cette fille au tien et ça me perturbe. Alors, j'avance. Doucement... Ne pas faire de bruit, surtout. Si je lui fais peur, elle va tomber encore plus vite. Plus que trois mètres... Deux... Un...

"AAAAAAAH! LÂCHEZ-MOI! LÂCHEZ-MOI, SALE PERVERS!"

Eh! C'est quelle se laisse pas faire, l'animal! Aouch, un genou dans les abdos. Bon, tant qu'elle va pas en dessous de la ceinture... Tant bien que mal, je la remets à terre, mais elle continue à crier et à donner des coups dans tous les sens... Bon, je vais pas la frapper, ça va l'énerver encore plus, et puis j'aurai l'air de quoi, moi après? Je fais comment? Je commence à en avoir ras le cul moi, de cette pouffiasse qui me hurle dessus parce que je viens de lui sauver la vie! Je trouve rien. Enfin, j'ai bien une solution, mais... Je risque de me faire encore plus frapper. Tant pis, lançons-nous! A la une... A la deux...

"VOUS ÊTES TARE OU QUOI? LAISSEZ-MOI TRANQUILLE! J'EN AI MA CLAQUE DES TARES, LÂ-CHEZ-M..."

Miracle! Elle ferme sa gueule! Pas trop tôt. Espérons que ça n'empire pas après... Bon, c'est une manière un peu radicale, maaais... Au moins, elle se la ferme. En même temps, elle n'a pas trop lechoix.

"Bon, tu t'calmes maintenant? T'arrêtes de faire chier? Je viens d'te sauver la vie!
_Pardon?
_Au cas où tu l'aurais pas remarqué, t'étais en train de passer de l'autre côté de la rambarde pour sauter.
_Moi? Sauter de là? Mais vous êtes cinglé! Si vous avez besoin d'un prétexte pour m'embrasser, dites-le moi, me faites pas à moitié crever de peur avant!
_QUOI? Mais j'vais vraiment t'tuer si tu continues!
_ET BEN VAS-Y, J'T'EN PRIE! T'FAÇON J'SERS A RIEN, J'EN AI MARRE, j'en peux plus..."

Oh là. V'la autre chose. La voilà qui fond en larmes et qui s'effondre sur moi. C'est gênant comme situation. Je fais quoi, maintenant? Récapitulons:  je suis sur un pont désert, en pleine nuit, avec une inconnue suicidaire dans les bras. Hum hum. Tiens, v'la le bus. Il tombe bien, lui!
Allez, je la ramène chez elle, je la surveille un peu histoire de me rassurer et je m'en v... EH! MAIS C'EST QU'ELLE DORT, CETTE PÉTASSE! Elle s'est endormie dans mes bras! Et meeeeerde... Bon, tant pis. Pas trop d'autre choix...
Bon, elle est pas lourde, c'est déjà ça. Je la porte dans mes bras, la fait entrer dans le bus, l'installe sur un siège et vais me payer un ticket. Ben oui parce que le mien je l'ai composté tout à l'heure.
Et voilà que cet enculé de chauffeur me fait payer pour la nana aussi! Je jure entre mes dents. Bon, moi j'ai pas le choix. Je paye... Ouh, elle va regretter de s'être endormie, celle-là!
Je m'asseois à côté d'elle, le moral dans les baskets. Pourquoi je fais tout ça, au fait? Je la connais pas, cette fille! A part qu'elle vient tous les jours m'allumer au Grand Huit avec un mec toujours différent, je l'ai jamais vue! Qu'est-ce que j'en ai à foutre, si elle veut clamser? Rien du tout. ABSOLUMENT rien du tout. Et pourtant... Quelque chose m'empêche de la laisser toute seule. Je sais pas quoi, mais... En fait... Si, bien sûr que je sais pourquoi. Je veux pas l'admettre mais... Oh, bordel, c'est MA conscience, j'peux bien dire ce que je veux dans ma tête, merde! Evidemment que je sais ce qui me retient de la laisser toute seule sur le pont qu'elle avait choisi! C'est cette putain de ressemblance. Elle a exactement le même visage que toi, cette connasse! Chuis sûr que si t'étais resté, t'aurais eu cette tête! Alors moi, comme un con, je t'identifie à elle. Parce que oui, je t'aime toujours, oui je pense à toi, oui je veux que tu reviennes! Faudrait vraiment que je trouve quelqu'un. Tiens, une nana psychologue! Doit bien y avoir des psys canons à Paris! Et pis comme ça peut être que je t'oublierai plus facilement...
Au fond de moi je sais que non. C'est évident! C'est des conneries ce que je me raconte. Ma vie merdique, elle changera pas. J'aurai beau fumer, baiser, me bourrer la gueule tous les soirs, je pourrais jamais t'oublier. Jamais.
Bon, le bus s’arrête. Pas trop tôt. Toujours pas réveillée? Nan. Boooon... Tant pis, je la ramène chez elle et puis... Heu, minute. C’est où, chez elle? Et meeeerdeuh! Quel con. Bon, ben tant pis hein. Je la ramène chez moi et puis j’aviserai. Pfff, c’t’histoire... Vivement que cette gamine soit rentrée chez elle et qu’on en finisse. Remarque, gamine... Elle doit avoir à peu près mon âge... En fait, elle doit avoir exactement TON âge aujourd’hui. PU-TAIN-DE-BOR-DEL-DE-MER-DE! Faut que j’arrête de penser à toi. SORS DE CETTE PUTAIN DE TÊTE! Y en a marre... Et merde! Entre temps, cte putain de bus à commencé à fermer ses portes.

“EH, TROIS SECONDES!”

Je hurle au chauffeur. Non mais. J’ai un bagage plutôt lourd moi! Bon, allez. Une, deux... PUTAIN! Elle est tellement légère que j’ai failli me casser la gueule en arrière. Bon, sortons de ce bus. Il me donne envie de gerber. Direction chez moi! J’ai du bol, j’habite juste en face. Heureusement parce qu’elle est légère, mais bon: y a des limites. J’ai du mal à ouvrir la porte avec ce poids sur mon dos... Bon, je l’assois par terre. C’est pas très sérieux mais j’ai pas le choix. Bon, porte ouverte. Etape une: OK. Reste plus qu’à trouver son adresse maintenant... De toute façon je vais pas la ramener ce soir. Faut pas déconner. Bon, je vais dormir sur le canapé. C’est pas confortable mais je suis pas un enculé non plus. Je vais pas la laisser sur cte truc tout pourri alors que moi j’ai mon bon lit pour moi tout seul. Heureusement, mon appart est petit j’ai pas besoin de la traîner dans des escaliers. Bon, la v’la sur le lit... Qu’est-ce que je fais? Je vais pas la désaper quand même. Bon, je lui enlève le manteau et les chaussures quand même. Tiens, y a des sous qui sont tombés. Bon, petit dédommagement, après tout je l’ai portée jusque là et je lui ai payé le bus. Non mais. Je mérite bien ça. Je la regarde encore un peu dormir. Elle est adorable. Son maquillage a coulé et ça lui va bien mieux comme ça. Oulah, je vais passer pour un pervers si elle se réveille, et justement, elle bouge. Faut que j’arrête de la regarder. Bon, je vais sur le canapé hein. Une grosse couverture et hop. Au dodo l’asticot!

________________________________

Pfff... Quelle heure il est? 3H du mat'? Je suis tombé comme une pierre. Mais j'ai pas fini ma nuit! Et pourquoi je dors sur le canapé? Bon, tant pis. J'ai soif. Je sors du "lit" et je vais jusqu'à la cuisine. Enfin, cuisine... L'évier, le micro-ondes et le frigo quoi.
Un peu rudimentaire. Mais ça me suffit pour vivre. Allez un verre d'eau, et au lit.

"M'sieur?"

WUAH! C'est quoi ce bordel? Ah ouais, je me souviens... La fille qui te ressemble voulait sauter, ou non, ou je sais plus trop, je l'ai ramenée, elle s'est endormie et c'est pour ça que j'ai dormi sur le canapé... Heu, d'ailleurs j'ai l'air malin moi avec mon caleçon à petits cœurs... Bah, zut hein. L'avait qu'à pas squatter ma cuisine.

"Ouais?"

Bon, pas très engageant comme "Ouais" mais j'aime pas les gens moi.

"Je... Ça vous dérangerait de..."

Bon, le temps quelle finisse sa phrase, buvons.

"Dormir à côté de moi, dans le même lit, mais sans rien tenter d'indécent?"

QUOI? Je viens de recracher mon eau dans l'évier là. Bon, après tout, mon lit est grand. Mais je sais pas si je pourrais me retenir... Hum, on essayera.

"Beeen... Bon, OK. Mais si tu ronfles, je me casse hein!"

Ben voyons, quelle subtilité, ça doit lui faire plaisir ça. Ah ben tiens. Apparemment ouais, puisqu'elle sourit. Uuuh, y a des gens bizarres quand même. Bon, allez, direction la chambre alors. Quand j'arrive, elle est déjà sous la couette. Limite si elle c'est pas rendormie. Mais non, elle me fixe des yeux comme si j'allais la violer. Elle te ressemble tellement...

"Heu... M'sieur, merci pour... Le pont, je... Je crois qu'j'étais un peu... Fin, merci, quoi."

Un pe tit grognement, c'est tout ce que j'arrive à sortir. Heureusement que je suis de dos parce que j'ai jamais été aussi rouge de ma vie.

"Je... heu... Comment je pourrais vous... Fin, vous savez, vous remercier?"

Bon, c'en est trop, je peux plus me retenir. Je me retourne, je l'attrape par la nuque, et je l'embrasse. Comme ça, paf, sans prévenir. Ces quelques secondes où nos bouches sont écrasées l'une contre l'autre me paraissent les meilleures de ma vie. Me séparer d'elle me déchire de l'intérieur. La respiration haletante, elle me sourit. Putain, ça devrait être interdit de sourire comme ça. Ce qu'elle est belle... C'est marrant, elle me fait plus du tout penser à toi, d'un coup. Toujours cette ressemblance physique mais... Je sais pas, un truc en moins. Ou non, en fait. Un truc en plus. Elle est là, à coté de moi. Toi, tu es partie. Tu n'existes plus. Il y a dix minutes, je me serais mis à chialer comme un gosse à cette pensée. Mais là, tu vois, j'en ai plus rien à foutre.

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Commentaires
F
Vui mais j'ai Déjà expliqué. Na. x3
C
J'aime beaucoup, c'est très bien écrit, mais j'avoue que les réductions à la "j'la", "j'te" peuvent un peu gêner. Si on écrivait comme on parlait, l'écriture n'aurait aucun intérêt. Après tout, Zola a écrit les textes les plus réalistes qui soient, jusqu'au dégoût, en utlisant une langue très recherchée.<br /> Mais sinon, cet écrit est vraiment très bon.
F
FUCK! En temps* normal, bien sûr. Pardonnez ma grossière erreur, chers lecteurs. C'était point fait exprès. =)
F
D'abord, ben, merci les gens. x)<br /> <br /> Et, spécialement à toi, Doctor ô combien vénérable(et vénéré), ben en fait en tant normal je n'mettrais jamais ce genre de diminution, mais comme c'est un récit à la première personne du singulier, ben j'ai essayé de le rendre plus crédible en traduisant la pensée du personnage de façon à ce qu'on ait vraiment l'impression qu'il se parle à lui-même, histoire de donner plus de réalisme quoi. Non aprce que je sais pas pour toi, mais quand je me lève la nuit je me dis pas: "Je quittais la couverture et rejoins la cuisine afin de me sustenter quelque peu et de ravir le fin-fond de mon estomac." xD<br /> Enfin bref, l'auteur vous salue.<br /> Tchou!
D
Je trouve ça super!<br /> Vraiment, j'aime l'histoire, c'est cocace. Pis ça laisse pas indifférent, y'a quelque chose quoi ^^<br /> Le seule truc qui me rebute un peu ce sont les diminution du style "jt'aime ou Jle r'gardais". Je sais que c'est normal mais bon, c'est un peu énervant :D<br /> Sinon bravo!
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